28 juillet, 2014

Mâle alpha et désir mimétique !


Tenez je viens de m'en souvenir. Voici quelques mois, un de mes chers patients m'a fait une réflexion assez incongrue. C'est un type bien, extrêmement intelligent, gagnant bien sa vie, cultivé, sympa et bien de sa personne. Toutefois, il est réservé dans les situations sociales.

Tandis que nous parlions de sa difficulté à engager la conversation avec une femme, je lui expliquai benoîtement que dans ces cas là, il pouvait simplement expliquer qu'il était réservé. J'ai bien utilisé le terme "réservé, comprenant que "timide" pourrait avoir une connotation négative.

Être réservé c'est bien, ça fait japonais mutique tandis qu'être timide ça fait un peu neuneu. Non que je le pense mais que je comprenne que dans une situation sociale on veuille donner la meilleure image de soi. Alors quitte à choisir entre Toshiro Mifune, l'acteur de Les sept samouraïs de Kurosawa et Pierre Richard dans Je suis timide mais je me soigne, le choix est vite fait. La réserve c'est classieux, ça fait mec taiseux qui ne se livre pas facilement tandis que la timidité ça fait blaireau maladroit.

Voilà quel était mon conseil ! Un conseil juste et avisé qui aurait permis à monsieur de livrer à madame une information qualitative permettant à cette dernière de comprendre qu'il faudrait un peu de temps pour que celui-ci se lâche un peu. De mon point de vue, ce que j'expliquais était neutre et enclin à rendre la tâche plus facile à mon patient. Nul besoin d'angoisser en se disant "merde je devrais parler plus, la faire rire". Non, juste à donner la bonne information permettant à cette dernière de ne pas voir une timidité de blaireau mais une réserve de mec bien.

Et que croyez-vous que ce dernier me répondit ? Tandis que je m'attendais à ce qu'il se mette à genoux, me baise la main et me remercie pour mon conseil rempli d'une sagesse infinie, il me regarda pas vraiment emballé avant de me répondre que se dire réservé n'était pas vraiment un truc de mâle alpha !


Alors là, autant le dire de suite, je déteste qu'on mette en cause mes conseils parce que c'est une atteinte intolérable à mon statut, une gifle à mon égo et une égratignure douloureuse à mon orgueil. Comme si je donnais des conseils foireux ! Non mais ! Parce que Toschiro Mifune, c'est pas un mâle alpha peut être ? Le mec vous décapite de son katana en gardant la même expression impassible et voilà qu'on le comparerait bientôt à Pierre Richard !

Et puis bon, il faut arrêter avec cette putain de notion de mâle alpha, de chef de meute ! Parce que justement la culture transcende la nature et que nous ne vivons pas en meute de loups mais en société organisée dans laquelle ce n'est plus le plus fort qui gagne mais le plus malin. Croyez-moi, il faut avoir plus peur de Bernard Cazeneuve, notre ministre de l'intérieur haut comme trois pommes, que d'une ceinture noire de n'importe quoi, parce que le premier peut bien plus vous nuire que le second. 

D'ailleurs, Bernard Cazeneuve ne s'est jamais fait latter par une ceinture noire. En revanche Bernard Cazeneuve, en levant juste son petit doigt peut envoyer deux compagnies de CRS latter une ceinture noire. La notion de mâle alpha est donc bien compliquée. Est-ce le plus fort ou le plus malin qui l'est ? Est-ce l'imbécile qui fait ses katas habillé en clown sur un tatami qui réalise le rêve de l'homme parfait ou plutôt celui qui prépare son concours d'entre à l'ENA en s'entrainant aux notes de synthèses et en se disant qu'un jour il va tous nous niquer.

M'est avis que pour régner en maitre l'art de la note de synthèse est plus utile que les katas ! D'ailleurs, si l'on a fait des tas de films avec des karatékas, on en a fait aussi tout un tas avec des politiciens véreux. Les deux types sont donc ce qu'il est convenu d'appeler des mâles alphas. Toutefois tandis que les premiers rôles seront toujours octroyés à des neuneus comme Van Damme, Chuck Norris ou bien Steven Seagal, les seconds sont toujours tenus par des mecs dignes et inquiétants.

Sans doute doit-on trouver dans cette recherche éperdue à incarner le mâle alpha, l'idée que seuls ceux-ci auraient les faveur des femelles. D'une part, je ne suis pas sur que toutes les femmes du monde craquent pour Chuck Norris malgré ses muscles, et enfin, à la différence des loups chez qui seul le mâle dominant baise, nous appartenons à une espèce plutôt monogame chez qui tous les mâles peuvent trouver une femelle. Alors cessez de me faire chier avec vos conneries de mâles alphas.

Sans doute peut-on trouver une fois encore dans cette quête du mâle alpha, des résurgences de notre cerveau paléolithique, époque à laquelle mieux valait être balèze que fort en thème pour niquer une femelle et survivre. Quoi que ce soit partiellement faux comme le prouvent les décorations des grottes que l'on connait et qui attestent de l'importance d'autres aptitudes que la chasse comme la maitrise artistique dès ces temps reculés. Bien malin celui qui sait qui de l'artiste ou du chasseur baisait le plus au magdalénien ?!

Bref cesser de vous perdre dans la lecture des mauvais sites dédiés à la séduction et oubliez vos notions de mâle alpha. Avec une coupe de cheveux correcte, des fringues banales, un degré minimum de discussion et de culture,  n'importe qui peut accéder au beau sexe. Certes n'importe qui peut baiser mais pas forcément n'importe qui ! C'est sur que pour avoir du top model ou de l'actrice à son bras ou dans son pieu, il va falloir assurer, ne plus se fringuer chez Kiabi et lâcher votre emploi de magasinier.

La question du mâle alpha se résout peut être là, dans cet objectif que l'on se fixe. Tant qu'il s'agit d'aller vers la fille qui nous convient, on peut faire avec ce que l'on est en procédant à de petits accommodements pour paraitre à notre avantage. Mais dès lors que l'on souhaite accéder à cette fille que l'on imagine que tous les autres veulent, c'est une autre paire de manche. Et c'est sans doute là que le statut mythique de mâle alpha intervient. A femelle mythique (actrice, mannequin, etc.) correspondrait donc le statut mythique du mâle alpha, seul capable de remporter la mise et qui en plus d'être beau et fort devrait en plus intelligent et cultivé (James Bond).

Le désir mimétique, théorie développée René Girard, exploitant un seul et même mécanisme, l'imitation, pour engendrer et expliquer la plupart des phénomènes humains complexes. L'exemple, donné par René Girard, d'enfants qui se disputent des jouets semblables en quantité suffisante, conduit à reconnaître que le désir mimétique est sans sujet et sans objet, puisqu'il est toujours imitation d'un autre désir et que c'est la convergence des désirs qui définit l'objet du désir et qui déclenche des rivalités où les modèles se transforment en obstacles et les obstacles en modèles.

Alors que les enfants disposent en quantité suffisante de jouets semblables, ils désireront celui que les autres désirent et se battront pour l'obtenir. « L'homme désire toujours selon le désir de l'Autre » est le postulat central du désir mimétique. Il s'agit d'un conflit dont les protagonistes deviennent interchangeables et transformés en « doubles » symétriques, « en miroir » dans une relation duale de la rivalité mimétique qui conduit à la violence mimétique. Sur le plan individuel, les hommes se haïssent parce qu'ils s'imitent. Le mimétisme engendre la rivalité, mais en retour la rivalité renforce le mimétisme.

La femme n'est donc pas au centre de la relation mais celle-ci est plutôt caractérisée par le combat que se livrent des mâles entre eux. C'est le classique "concours de bites", une manière détournée de désirer ce que l'autre veut, de manière à ce qu'une fois obtenu, on puisse le dominer. La notion de mâle alpha dès lors qu'elle est exposée permet donc d'envisager une relative immaturité psycho-affective chez celui qui y fait référence.  Cette immaturité doit sans doute s'analyser comme la résurgence de traumas infantiles ou adolescents jamais réglés.

vouloir devenir un mâle alpha, c'est simplement admettre qu'on est resté un petit garçon qui veut le camion de pompier que tous les autres petits garçons désirent. Bref, soyez vous-mêmes avec vos qualités et vos défauts.

Scrupules et crevardise !


On peut facilement confondre les scrupules habitant une âme pieuse et l'anxiété banale ressentie par bon nombre de personnes. Ainsi, tandis que j'allais dans une jardinerie à la recherche d'une piémontoire, voici ce qui m'est arrivé.

Avant tout cher lecteur, il faut vous préciser ce qu'est une piémontoire. C'est comme une pioche sauf que le bout pointu est en forme de hache pour trancher les racines. On l'appelle aussi pioche-hache mais c'est nettement plus savant de lui donner son vrai nom de piémontoire. Disons que cela vous classe tout de suite dans la catégorie de ceux qui s'y connaissent et non parmi les jardiniers amateurs. 

Dans cette jardinerie très connue, si vous demandez une pioche-hache, on vous regardera à peine en vous désignant des outils médiocres à manche de bois. Tandis que si vous exigez une piémontoire, le vendeur devenu servile à souhait vous montrera l'outil de chez Leborgne à manche de résine destiné aux professionnels.

Sauf que vendredi, ils n'avaient pas de piémontoires ni même de pioches basiques. En revanche, ils disposaient d'un stock de sept pelles à neige, l'outil toujours demandé fin juillet à Paris. Fort marri, je me suis donc baladé dans le rayon des plantes vivaces pour voir s'il leur restait des hostas vu que j'adore les hostas même si mon épouse me dit qu'elle aimerait voir un peu de couleur dans le jardin. Car même si les cultivars d'hostas se comptent par milliers, avec des tailles, des feuilles et des couleurs différents, on reste tout de même dans les tons de vert et blanc.

Dédaignant les plantes aguicheuses aux couleurs chatoyantes, je me dirigeais tout de même vers un plateau où je distinguais encore quelques hostas invendues. C'est ainsi que je chargeais mon joli petit charriot de variétés diverses et variées. Toutes valaient 7,5€ sauf un pot de plus grande contenance étiqueté à 14,90€.

Mais arrivé au moment de payer, l’hôtesse de caisse, sans doute une jeune étudiante prise pour le mois de juillet, scanna le pot que je posai sur le tapis roulant, se contentant de me demander combien j'en avais en tout. Et c'est fort benoitement et totalement pénétré du péché que j'allais commettre que je lui répondis que j'en avais six. Elle me compta donc six hostas à 7,50€ sans faire attention, qu'un des pots valait presque le double. Je fis ainsi l'économie substantielle de 7,40€ !

Mais la joie d'avoir pu ainsi tromper le grand capital fut de courte durée et aussitôt remise en question par une vague de scrupules qui m'assaillit. J'avais surtout abusé de la naïveté d'une caissière inexpérimentée. Je me voulais malin et chanceux or je n'étais qu'un minable escroc à la petite semaine : honte à moi ! Et tout cela pour une hosta et une économie de 7,40€ ! J'étais doublement minable.

Je sortis donc de la jardinerie en comparant ce que j'imaginais de moi et la réalité. Tandis que je me serais bien vu tout en haut des stades moraux de Kohlberg, voici que j'en étais réduit à jouer les petits escrocs minables. Et si la culpabilité m'assaillait là sur le parking, ce n'était pas le fait d'avoir la sensation d'avoir failli à la morale mais plutôt le fait d'avoir à écorner la belle image de moi-même. Le chevalier blanc devenait un crevard ; viendrait sans doute un jour ou j'en serais réduit à changer les étiquettes avant de passer en caisse.

Une demie-heure après, Dieu dans sa grande sagesse me soumit à une épreuve qui m'aurait permis de m'en sortir la tête haute. en achetant mes cigarettes, plutôt que de me rendre 0,20€, la vendeuse étourdie me rendit 5,20€, en me gratifiant en sus d'un "au revoir et bonne journée monsieur". Le chevalier blanc étant absent, le petit escroc minable persista et je me réjouis de l'aubaine consistant à gratter 5€ ! Et j'eus même la réflexion consistant à me dire que décidément c'était une bonne journée puisqu'en une heure, je m'étais fait 12,40€ de gratte sur mes achats ! Je hâtai même le pas afin que si d'aventure la caissière prenne conscience de son erreur, elle ne puisse sortir du tabac afin de me héler et de me faire rembourser le trop-perçu.

Et pourtant, dans les deux cas, croyez-moi, j'ai eu des scrupules à agir de la sorte, sachant bien que j'étais face à un dilemme moral consistant à choisir entre la morale transcendante, l'impératif kantien et mon intérêt propre. Le Larousse explique d'ailleurs que le scrupule est une inquiétude excessive de la conscience inspirée par un sens aigu de la perfection chrétienne. C'est une incertitude d'exigence au regard de la conduite à avoir.

Le scrupule ne se manifeste que face au silence de Dieu. Si j'éprouve du scrupule à faire ce qu'ai fait, c'est que je suis face à un choix et que je suis seul. Que quelle que soit la voie que je choisisse, je suis seul. Je peux dans les deux cas renoncer au gain et privilégier le bien commun ou en revanche, comme je l'ai fait, me taire et privilégier mon intérêt. C'est mon libre arbitre qui se manifeste pour savoir si je suis un homme de bien ou un crevard. Ceci étant dit, si je choisis la voie du crevard, ma conscience me le rappelle.

Le scrupule ne peut s'éveiller en moi sans une profonde conscience spirituelle. Le scrupule, même si comme dans mon cas il n'empêche rien, est finalement l'exigence ultime : les tourments d'une âme saisie par quelque chose de plus grand qu'elle.

Le scrupule résiste aussi plus ou moins bien en fonction des situations sociales. Car il est évident que face à un quidam, j'aurais été honnête, n'hésitant pas à lui dire qu'il se trompait. En revanche, mes scrupules se sont émoussés dans les deux situations. Dans la première parce que cette jardinerie appartient à un grand groupe et qu'il n'y a pas de mal à escroquer un grand groupe. Dans le second cas, parce que les cigarettes sont un produit taxé à 80% et qu'il n'y a pas de mal à tente d'échapper à ce vol manifeste. Sauf que dans les deux cas, je n'avais ni un actionnaire du groupe ni un agnt de l'état mais deux simples salariés distraits. Bref, pour faire coïncider mon intérêt personnel et mon sens moral, il fallait que je distorde la réalité et je le sais.

Jasques Mesrine était capricorne comme moi mais cela ne suffit pas. N'est pas Mesrine qui veut. Saisi d'effroyables tourments pour 12,40€, ce n'est pas demain la veille que je me mettrai aux braquages. Quoique, si j'étais sur de ne pas me faire prendre ? Et si je donne dix pour cent de mes gains à une œuvre caritative ? En tant que catholique j'ai des exigences morales de protestant. Je voudrais vivre en France comme un suédois. Et pourtant aux états-unis, même si j'apprécie le civisme des habitants, au bout d'une dizaine de jour, je me mets moi aussi à traverser hors des clous ou quand le feu est vert pour les voitures.

Font chier ces scrupules ! En fait j'aime juste l'idée de pouvoir me dire que je suis différent des autres. Que je peux vivre dans un pays comme la France en étant plus moral sans besoin du carcan social pour marcher droit.

Je ne suis pas tellement différent des autres. Bon j'ai des scrupules, c'est la preuve que je ne suis pas un sociopathe. Tout n'est pas perdu. Mais sur le coup, je suis tout de même un crevard ! Pas suffisamment bon pour être uns ait, et pas suffisamment pourri pour faire de la politique, c'est mon drame.

Enfin, l'essence de tout cela, c'est que quelle que soient vos actions, si vous avez des scrupules, tout n'est pas perdu. Vous n'en êtes pas encore à suivre la voie d'un Fourniret !

 « Aussi est-il nécessaire au Prince qui veut se conserver qu’il apprenne à pouvoir n’être pas bon, et d’en user ou n’user pas selon la nécessité ». 
Machiavel, Le prince 

21 juillet, 2014

Interlude !


Gourmette et marcel blanc tendu sur la bdeaine, peu importe ce que vous porterez cet été, l'important c'est d'avoir un marcassin, l'accessoire indispensable !

Rappelons toutefois que toute personne détenant comme amateur ou professionnel un animal d’espèce non domestique est soumise à la réglementation en vigueur sur la détention d’animaux sauvages en captivité. Voir ici

Moi par exemple, nuitamment il m'est arrivé tandis que je roulais que je croise un hérisson en virée. Je m'arrêtais donc, puis une fois muni de gants que j'avais dans mon coffre, j'ai choppé le hérisson avant de le relâcher dans mon jardin. C'est pratique, ça bouffe les limaces et cela protège mes hostas. Parce qu'une de mes marottes et de mettre des hostas partout. C'est joli, y'en a plein de variétés et c'est sans entretien : ça disparait l'hiver pour réapparaitre au printemps.

Ben, le coup des hérissons, j'ai pas le droit de le faire ! Bon, je pourrais arguer que les hérissons se sont invités chez moi sans que je le leur aie rien demandé, un peu comme des roms qui viendraient camper au bord du périphérique sans obtenir d'autorisation de la commune. Après, tout il y en a parfois dans les jardins (des hérissons pas des roms).

C'est pour cela que je ne le fais plus du tout parce que je suis très très légaliste. Et puis, même si Manuel Valls est un ami, cela m'emmerderait de l'appeler parce que j'ai un problème à propos d'une détention abusive de hérissons. Ça parait idiot mais plonger en calèche pour une DAH (détention abusive de hérissons), ce serait un peu con.

Alors, c'est terminé, je n'enlève nuitamment plus les hérissons baladeurs comme Fourniret les jeunes filles ! Je me suis amendé, tout ça c'est du passé. C'est terminé. Maintenant j'ai un travail et je file droit. J'ai appris de mes erreurs. J'ai grandi et muri. Le hérisson c'est fini et bien fini. Participer aux réunions de Hérissons Anonymes m'a bien aidé, je dois l'avouer.

Si on croise un hérisson dans mon jardin, c'est qu'il y sera venu de lui-même et non sous la contrainte, vous pourrez l'interroger. Et je vous jure que je ne lui ai pas collé la pression.

Ceci dit je ne réponds pas de moi si un jour je croise un marcassin solitaire loin de sa mère ! On a beau dire, guérir d'une addiction c'est jour après jour, on n'en a jamais vraiment fini. Avoir arrêté le hérisson pour me mettre au marcassin, ce serait comme de lâcher l’héroïne pour la cocaïne, c'est pas sérieux. Alors je tiens bon. Par exemple je ne me balade jamais en forêt de Rambouillet parce qu'on m'a dit que c'était bourré de marcassins. 

Vaut mieux pas tenter le diable. Je me connais, j'imagine la laie un peu distraite et moi qui lui pique un petit et repart en courant vers ma Visa pour le jeter dans le coffre. Pour peu que sur le chemin, je croise un hérisson en maraude et hop, me voilà avec un marcassin sous un bras et un hérisson dans l'autre main. C'est des trucs à replonger totalement ça.


Etape 1 : Nous avons admis que nous étions impuissants devant les hérissons - que nous avions perdu la maîtrise de nos vies.
Programme en douze étapes des Hérissons anonymes.

 

Au pays des mythos !

 Auditeur comptable chez KPMG, plus qu'un métier, une carrière militaire !

C'est marrant, plus le temps passe, plus j'ai l'impression que même ici en plein Paris, les gens réagissent comme les petits castelroussins après la guerre, quand après des années de disettes, ils voyaient se poser des avions remplis de choses du nouveau monde.

Si je peux comprendre qu'à Châteauroux en 1950, dans une France rurale et très marquée par l'occupation, on ait pu ainsi s'enticher de l'Amérique, j'ai peine à croire que cela soit encore possible à Paris en 2014. Mais force est de constater qu'à la manière d'un hochet agité devant un bébé, il suffit d'angliciser n'importe quoi pour le rendre attirant. L’Amérique, toute frelatées qu'elle soit, est encore le paradis insurpassable.

C'est d'autant plus navrant que cela touche des gens ayant fait de solides études. Les voir ainsi se complaire dans des attitudes que n'auraient pas reniées ces bons sauvages dont on parlait aux siècles passés échangeant leur trésors contre des verroteries. Il parait que Manhattan fut achetée pour quelques couvertures mais il me semble qu'aujourd'hui on puisse acheter la dignité d'un individu contre un titre en anglais assorti éventuellement d'un smartphone.

C'est ainsi qu'on me parle de CTO, de CIO et de VP et qu'un de mes patients est même devenu deal shepherd, c'est à dire "berger de contrat". Avant on aurait appelé cela de l'administration des ventes et cela nécessitait tout au plus un BTS force de ventes. Mais de nos jours, cela nécessite d'être passé par Paris IX. Dès lors que le patient a un lien plus ou moins direct avec la vie des affaires, j'ai le droit au franglais. C'en est devenu risible.

Bien sur les plus intelligents en rigolent ! Ceux qui ont le moins de recul sont cependant consternés par cette inflation de vocables anglo-saxons parce que c'est justement quand vous n'êtes plus capable d'adapter votre langue au progrès que votre civilisation disparait. D'autres au contraire, en plus de rire de ces niaiseries s'en amusent au quotidien, leur étonnement sans cesse renouvelé face à la création incessante de ces bêtises. Comme me le disait un ingénieur de haut niveau : "voir mes responsables user et abuser de franglais c'est rigolo c'est comme de voir des quadragénaires jouer à la marchande avec sérieux".

Le plus amusant, c'est un soir alors que je recevais un jeune type qui avait été soldat et avait fait la guerre, la vraie avec des morts et des blessés, de celles où l'on tremble pour sa peau. Le patient suivant m'annonce alors qu'il ne pourra pas venir à notre rendez-vus et qu'il le désole. Je lui propose alors de le recevoir à 21h00 mais il s'excuse en m'expliquant qu'il est en pleine war room et que cela risque de durer longtemps.

Dans les faits, connaissant son activité, il s'agissait juste d'une réunion destinée à trouver des arguments pour contrer un client ne désirant pas leur payer le solde restant du. Bref, ayant merdé dans la réalisation d'un contrat et leur client refusant de leur payer, il s'agissait de trouver tous les moyens pour faire rentrer a thune, quitte à leur offrir une garantie assortie d'un nouveau contrat. Rien que du très prosaïque et banal discours de VRP tel qu'on le connait.

Mais par la magie des mots, cette négociation qu'avant on pratiquait entre la poire et le fromage devenait une affaire d'état nécessitant une réunion en war room. Dans leurs têtes, cette bande de mythos, se retrouvaient dans le film Point limite. Et comme j'expliquais à mon patient qu'on aurait plus de temps parce que le suivant était en war room, celui-ci me demanda de quelle guerre il s'agissait. Comme je lui expliquais brièvement la situation, il ne put que me dire d'un air affligé : "mais quelle bande de mythos".

C'est dans ces moments là que je bénis le Ciel d'être en libéral, je crois que j'aurais eu du mal à m'intégrer dans ce monde. Je ne sais pas comment j'aurais réagi si l'on m'avait expliqué que j'avais rendez-vous dans la war room. Je pense que j'aurais eu envie de les secouer pour leur dire de se réveiller que la guerre, la vraie ce n'est pas cela. Ils auraient fini par me foutre à la porte !

Peut-être que mon refus de la war room aurait fait de moi un outlaw voire carrément un maverick, enfin un truc américain super classe dont j'aurais pu me glorifier moi aussi !

Tu n'es qu'un humble consultant ? Alors toi aussi, fais l'américain comme Dick Rivers !

Perte de repères !


Je ne sais plus où ni quand mais c'est récent, j'apprenais qu'un jeune couple avait posté une photo de leur bébé mort-né sur Facebook. Ma profession ne consistant pas à juger mais à comprendre, j'ai bien sur éloigné l'horreur et l'incongruité de cette mise en scène pour tenter d'en comprendre la raison.

Qu'est ce qui pouvait amener ce jeune couple dont la petite fille venait de mourir à vingt-deux semaines de grossesse à montrer la photo de l'enfant mort-né sur ce réseau social. Interrogés, les deux jeunes parents répondent «Nous avons fait le maximum pour garder le souvenir de Julie. Et nous avons pris des photos parce que nous voulions réaliser un bel album», a expliqué le couple. «Notre chagrin n’a pas disparu mais cela nous fait du bien de pouvoir partager notre deuil. Et cela nous emplit aussi de fierté de pouvoir dire: regardez comme elle était belle notre fille.»

Tandis que l'on a toujours imaginé du moins en occident que le processus accompagnant la mort était un phénomène s'articulant tant autour de rites sociaux (obsèques, condoléances, etc.) que privés (deuil), pourquoi en est-on arrivé là. A quel point de déliquescence notre société en est-elle arrivée pour que ce qui relève du privé soit ainsi étalé à la face du monde.

Dans toute société structurée, des relais existent pour pallier à la survenue de ce que l'on attend jamais comme la mort d'un enfant. Ce sont des rites issus de centaines voire de milliers d'années de vie en société qui permettent à l'individu submergé par le chagrin et atteint par l'indiscible de fonctionner en "automatique". Ce sont alors les traditions, ces rituels, ces patterns de comportement, sont justement là quand il n'y a plus de pilote dans l'avion, quand le chagrin est tel que l'on est en état de choc.

Dans une société ruinée comme la notre rejetant aussi bien Dieu que les traditions au nom d'un prétendu modernisme, on assiste alors à de tels dérapages dans lesquels de jeunes parents,  sans doute totalement seuls face au deuil qui les frappe, tentent de trouver une issue à leur chagrin avec les seuls outils dont on les a pourvus : les réseaux sociaux et la téléréalité. 

Je n'imagine même pas que leur démarche soit dénuée de fondements, je pense simplement que dans des milieux, sans doute très fragiles, dans lesquels l'image, le paraitre et la mise en scène ont supplanté toute autre tradition, Facebook soit devenu un expédient évident à défaut de solutions plus élaborées qu'on ne leur a pas présentées. 

De même que dans ces milieux, on prénomme les enfants du noms de personnages de séries anglo-saxonne, de même on mimera de manière stupide l'infatuation scénaristique présente dans ces séries. De fait, réserve, dignité, introspection ne sont plus des valeurs en vogue auxquelles on préférera la communion dans l'hystérie.

Voici quelques années, une de mes patientes avait assisté aux obséques d'un jeune qui s'était suicidé. Elle m'avait décrit la scène au cours de laquelle le cercueil est exposé avant d'être avalé par le four crématoire. L’assistance était dans la salle prévue à cet effet. Et on avait mis de la musique, on avait tagué le cercueil comme on écrivait jadis sur le plâtre d'un copain s'étant cassé une jambe au ski. Elle avait vu des messges du type "So long Jeff" ou encore "t'es trop con d'avoir fait ça" ou bien "on t'aimait Jeff", etc. 

J'étais totalement ébahi par la scène qu'elle me décrivait. Et comme elle ne semblait pas comprendre ma réaction, elle s'était contentée de me dire que le jeune disparu ayant été un hipster de son vivant, il avait semblé normal à l’assistance de lui offrir des obsèques festives et "un peu hors normes". Et quand je m'étais interrogé sur le comportement des parents face à un tel déchainement d'attitudes immatures, elle m'avait dit qu'ils n'avaient rien dit, qu'ils comprenaient.

C'est dans ces moments là que je me dis que soit le monde ne tourne pas rond soit je suis devenu une sorte de vieux con incapable de devenir un individu.2 ! Dans la même veine, Youtube regorge aussi de personnes qui vous font vivre leur cancer en direct. Le pire étant lorsque des parents filment leur enfant atteint d'un ostéosarcome au fil du temps et vous font partager le pire comme le meilleur du combat contre la maladie.

C'est ainsi que voici quelques temps, en ayant entendu parler, j'ai visionné une suite d'une dizaine de vidéos dans lesquelles papa et maman filmaient leur adolescente au gré des chimiothérapies, nous annonçant que tout s'était bien passé avant que les métastases ne l'emportent finalement. Encore une fois, j'avais eu du mal à comprendre les fondements d'une telle démarche. Et si je m'associe pleinement à la peine de ces parents en deuil, je ne saisis pas ce que l'on peut espérer en mettant à profit d'inconnus ce qui relève de l'intimité la plus totale. 

Je ne suis d'ailleurs pas sur qu'ils aient réfléchi à leur démarche, ni qu'elle résulte d'un plan établi. Je pense que Youtube, mais cela aurait pu être Facebook, s'est imposé à eux parce que c'est moderne. Un peu comme la Gopro s'impose du fait de son faible coût à tous les crétins faisant du ski, du surf, de la plongée, de l'alpinisme ou du vélo, et prompts à faire partager leurs non-exploits à des inconnus !

Je suppose que la prochaine étape sera de mettre une Gopro à un petit cancéreux pour que l'on voie la mort arriver par ses yeux. Ce sera de l'émotion avec un grand E, comme au cinéma, un tru cà vous arracher les larmes des yeux puisque de toute manière c'est l'hystérie qui règne. Quelle chance puisque la marque californienne propose tout un tas de harnais et de fixations diverses pour maintenir la caméra dans tous les contextes divers et possibles. L'ignominie n'étant jamais insurmontable chez les paumés, je gage que cela se fera prochainement.

Après tout, les parents commencent déjà filmer et à proposer les funérailles de leurs enfants. Alors tout est possible !

Indécence : Caractère de ce qui choque par son côté inopportun, ostentatoire, déplacé. 
(Larousse)

L'amour !


Bon, j'avais envisagé de produire un texte sur ce sujet avant que l'idée ne me soit piquée par un jeune ingénieur de ma connaissance. Je suis toujours stupéfait par l'idée que certaines personnes se font de l'amour, confondant de fait une pulsion hormonale et une construction sociale.

Être attiré par une personne est peut-être une base, si ce n'est la condition nécessaire pour que naisse l'amour mais elle n'est pas suffisante. Comme le remarque Le Touffier, homme aguerri et blanchi sous le harnais, sans cesse émerveillé par la beauté de certaines donzelles qui hantent mon quartier, on ne saurait confondre un début d'excitation (le zizi tout dur) à la vue d'une paire de jambes nues et hâlées et le véritable amour.

L'amour c'est autre chose, c'est une construction sociale qui nécessite du temps et n'est pas forcément corrélé au seul niveau de testostérone. Être amoureux, et je ne parle pas de la passion qui est forcément destructrice et ne peut attirer que les jeunes et les sots, est un sentiment qui nait de la fréquentation assidue d'une personne avec qui l'on se trouve des points communs. Et plus encore, l'amour est ce sentiment qui résiste à la routine. 

D'ailleurs on sait que l'on est vraiment amoureux que lorsque la routine s'installant dans le couple, on n'a pas forcément envie d'aller voir ailleurs. Ou mieux, que l'on pourrait être tenté d'aller voir ailleurs, parce que justement les hormones travaillent toujours, mais que le cerveau dit non parce que justement une construction sociale émane de notre néo-cortex et transcende toujours un état naturel.

Voici quelques années, je recevais une ex-mannequin qui me parlait du mec idéal qui serait forcément "un type qui ne tomberait pas dans la routine mais saurait m'émerveiller en me proposant des weekends". S'il lui fallait pour être amoureuse qu'un type lui sorte comme par magie deux billets en Orient-Express destination Venise avec une suite retenue au Danieli, ce n'est plus de l'amour mais une construction sociale totalement immature. Parce que l'amour est un sentiment humain plus fort que le reste et qu'il ne consiste pas à exiger d'autrui qu'il nous souhaite notre anniversaire tous les jours ni qu'il fasse tirer un feu d'artifice à cette occasion.

Pour autant, l'amour ne saurait être une simple routine, une automatisme, qui ferait qu'une paire solidement appariée puisse ainsi fonctionner sans que l'on ne mette un peu de graisse dans les rouages. Après tout, même une paire de boeufs a besoin d'un minimum d'eau et d'avoir pour travailler sous le même joug. 

L'amour véritable s'il ne nécessite pas d'artifices extraordinaires ni de solutions miraculeuses pour persister, nécessite cependant quelques accomodements pour durer. A l’instar d'un jardin, il suffit d'arroser à bon escient (et nulle gaudriole cachée dans ma métaphore). C'est d'ailleurs là que les hommes pèchent souvent, imaginant sans doute que leur copine ou leur femme est comme un dossier bouclé que l'on pourrait ranger dans un tiroir du bureau.

Les hommes étant ce qu'ils sont, sont souvent pénétrés de rêves de puissance et de gloire. Peu enclins à comprendre que less is more, ils échafaudent toujours des solutions impressionnantes pour capter l'attention de leur dulcinée. Ils imaginent donc que madame attend forcément quelque chose de fabuleux comme preuve de leur amour. Ils laissent donc dépérir le jardin en oubliant de l'arroser, persuadés que le moment venu, ce ne seront plus quelques gouttes qui feront refleurir leur couple mais plutôt la contenance d'un lac de barrage.

Quelle erreur manifeste. Dernièrement encore, un de mes patients tout entier perdu dans la réalisation de son grand oeuvre de scénariste à succès (ils vont voir ce qu'ils vont voir, je serai le plus grand !), se plaignait de l'attitude rogomme de madame. S'il reconnaissait son manque de disponibilité, il ne comprenait pas qu'elle ne saisissse pas qu'il lui fallait un peu de temps mais que bientôt elle verrait ce qu'elle allait voir et qu'elle croulerait sous les bijoux, les soirées people et que sais-je encore.

Avec tout le respect que je dois à ce cher patient et avec toute les précautions que l'on peut avoir face à un natif du signe du lion quand on s'avise de le remettre en cause, j'ai simplement émis l'hypothèse que comme tous les mecs, il ne savait pas être dans le quotidien mais qu'aveuglé par ses rêves de puissance et de gloire et de réalisation personnelle, il remettait sans cesse à demain ses obligations.

Ayant connu son épouse auparavant, je l'ai juste engagé à sélectionner quelques petites choses qu'il pourrait réaliser afin de témoigner que son épouse était une vraie partenaire dont il se souciait et non la simple contemplatrice des exploits du grand homme dont elle était amoureuse en même temps qu'elle serait sa bonniche.

L'amour est donc bien différent de la simple excitation sexuelle comme de la passion adolescente. Il se réalisé dans le quotidien et c'est pour cela qu'il s'entretient dans le quotidien. La plupart des divorces ont lieu quand l'un des deux époux ne trouve plus de plaisir dans le quotidien.

Solitude parisienne !


J'ai beau exercer à Paris, la solitude est un facteur que je dois de plus en plus prendre en compte dans les thérapies. On a beau imaginer que la capitale est pleine de promesses de sorties exaltantes et de possibilités extraordinaires, cela semble assez faux.

Si l'hédonisme est la valeur montante, il est assez terrible de constater que se préoccuper de soi-même et de son plaisir immédiat conduit de manière irrémédiable à la solitude. Jouir sans entraves c'est évidemment oublier autrui dans les plans que l'on projette sur l'avenir. Or cet avenir au fur et à mesure que les années passent s'assombrit. 

La bande de copains cools que l'on rejoint au café pour de super apéros aura tôt fait d'exploser parce que justement elle n'est qu'un remède contre l'ennui, un ersatz social à la terrible solitude de tous ceux qui pensaient que la vie c'était cool et que l'on ne vieillirait jamais. Le groupe est un phénomène terriblement adolescent qui n'a généralement pas vocation à perdurer quand on est adulte.

L'adulte est confronté au travail puis au couple et la cellule nouvellement formée, qui si elle n'obère pas totalement les amis, ne leur laisse qu'une juste place. Or force est de constater qu'à force d'avoir eu pour unique limite son amusement propre sans vraiment intégrer les contraintes liées aux autres, on parvient facilement à prendre des habitudes de vieux garçon ou de vieille fille. On peut même être totalement hipster et se comporter en vieux machin pénible.

J'ai ainsi dans ma clientèle des jeunes femmes trentenaires désespérément seules mais qui restent pourtant campées sur leurs principes de minettes de vingt ans et considèrent que si un type ne les accroche pas irrémédiablement en une heure, cela ne marchera jamais. A l'opposé, je peux aussi avoir de jeunes hommes trentenaires qui à force de "consommer des femmes" ont totalement oublié ce que l'engagement voulait dire.

Dans ce jeux morbide, la seule échappatoire possible est la rencontre coute que coute en espérant qu'on puisse enfin trouver celle ou celui qui plaira. Comment cela serait-il possible si l'on ne donne aucune chance à autrui mais que l'on attend juste que le moment de grâce se produise. Tomber amoureux c'est avant tout accéder à l'intimité d'autrui et non le/la trouver juste joli(e). C'est avoir de vraies valeurs communes qui vont au-delà de simples accointances concernant la musique que l'on écoute ou les pays que l'on aimerait visiter.

Entre les moments de rencontres furtives, le plus souvent acquis par l'entremise de sites dédiés, il y ale travail puis surtout la solitude. Laquelle est encore plus prégnante au moment des vacances quand on se dit qu'on a beau avoir rencontré cent personnes cette année mais que pas une ne sera disponible pour les vacances et qu'il faudra juste se contenter de quelques jours passés en compagnie des parents.

Il y a bien sur quelques aventuriers voyageurs qui se moquent pas mal de partir seuls, persuadés qu'en route, ils trouveront bien des quidams avec qui parler. Mais ce n'est pas la majorité de l'espèce. Puis, il y a les autres qui voient Paris se vider et attendent août avec anxiété se demandant ce qu'ils vont bien pouvoir faire de leur temps libre.

On imagine qu'il existe cinq réseaux sociaux qui structurent la vie : la famille, le travail, les amis puis les associations et enfin le voisinage. La solitude est au rendez-vous quand on n'en fréquente plus qu'un, ce qui est le lot de beaucoup de monde.

Si le travail est un puissant facteur d'intégration sociale, il n'est pas le seul. Certes, on sait que le chômage est un état qui fragilise grandement les personnes. Ceci étant, n'avoir pour seules sorties que prendre le métro pour aller travailler et rester tous les weekends chez soi est aussi un facteur aggravant.

Si la solitude augmente modestement le risque de mortailité à cause du stress, des études prouvent qu'elle peut cependant engendrer des dommages psycholigiques sévères. Dans des cas extrêmes, la solitude impacte directement la vie de la personne qui la subit. On a ainsi pu prouver que la solitude est corrélée au risque de cancer, spécialement chez ceux qui préfère la masquer mais aussi d'AVC et de maladies cardio-vasculaires.

Elle engendre aussi inévitablement des risques psychologiques comme la dépression et le suicide. La désocialisation peut aussi entrainer des conduites toxicomanes ou alcooliques. Enfin la solitude quand elle est trop importante a une influence directe sur les compétences cognitives comme la compréhension et la mémoire.

Un professeur de psychologie de l'Université de Chivago, John Cacioppo, explique que pour briser la solitude il faut appliquer une métthode en quatre étapes qu'il a nommé EASE pour Extend yourself, action plan, selection et expect the best.

Durant la première étape, il faudra sortir de ses habitudes (extend yourself) et tenter un effort pour changer ses habitudes et briser la routine quotidienne. Il s'agit de s'investir dans une activité quelle qu'elle soit (artistique, sprotive, caritative) de manière à élargir son environnement social.

Dans la seconde étape (action plan), il s'agira de bien préparer l'action en prenant en compte ses forcer et ses faiblesses. Il ne s'agit pas d'agir pour agir mais de murir l'activité qu'on va choisir de manière à ne pas se stresser. Si vous n'avez pas dépasser le niveau du bac L nul besoin d'aller suivre des concurrences scientifiques auxquelles vous ne comprendriez rien. De même que si vous êtes un grand timide, évitez les activités exigeantes socialement (danse, théâtre, etc.).

Dans la troisième étape (selection), il s'agit une fois l'activité démarrée de sélectionner les gens avec qui vous sentez que vous pourriez avoir des affinités. Ce n'est pas parce que l'on partage un moment social donné que l'on aura forcément des affinités avec tout le monde.Il s'agit de privilégier la qualité sur la quantité. Ce que justement ne font pas beaucoup de personnes qui sortent pour sortir et voient du monde pour voir du monde en multipliant de fait des moments sociaux de basse qualité impropres à juguler leur sentiment d'isolement.

Enfin la quatrième étape (expect the best), consiste à rester positif pour persévérer en espérant le meilleur. L'optimisme suscitera plus de réponses positives de la part de l'environnement qu'une attitude défaitiste. Cela permettra de renforcer le sentiment de rester connecté à la société en créant une boucle de rétrocation.
 
Les neurosciences sociales, sont une discipine émergente qui peut se définir comme étant l'exploration empirique, via la biologie et les neurosciences, des phénomènes traditionnellement examinés par la seule psycholgie sociale tels que les comportement altruiste, sexuels, de compétition, etc. Le but des neurosciences sociales est de comprendre les mécanismes biologiques qui sous-tendent les relation interpersonnelles.
 
Trois principes fondamentaux guident cette nouvelle approche :
  • 1) Tous les phénomènes psychologiques, qu’ils soient adaptatifs ou non (le domaine de la psychopathologie) sont sous-tendus par des mécanismes neurobiologiques.
  • 2) Les relations entre domaines biologiques et sociaux sont bidirectionnelles et réciproques : les événements neurochimiques influencent les processus sociaux, et ceux-ci influencent la neurochimie de l’individu. Par exemple le niveau de testostérone chez les primates mâles encourage les comportements sexuels tandis que la disponibilité de femelles réceptives influence les taux de cette hormone chez les mâles.
  • 3) L’articulation des niveaux d’analyse biologiques, cognitifs et sociaux favorise une explication plus complète de l'esprit humain et des comportements sociaux. L’idée étant que les humains sont des systèmes bio-sociologiques complexes, et que ceux-ci ne peuvent pas être compris par une simple extrapolation des propriétés de leurs composants élémentaires.
De fait, les interactions entre l'individu et son milieu ont des implications évidentes sur son comportement et sa santé. La solitude, en tant qu'absence totale de liens actifs avec autrui, est une variable importante à prendre en compte lors d'une thérapie. Il ne s'agit pas de briser la solitude pour endiguer la dépression, comme si l'interaction sociale était la suite d'une dépression enfin vancue mais bien au contraire de comprendre que la solitude, dans la mesure ou elle est subie, est totalement corrélée à la dépression.

Actuellement la plus âgée de mes patients a soixante-huit ans et se plaint d'une grande solitude. Comme elle ne cesse de me répéter, elle regrettera toujours d'avoir demandé le divorce. Et comme je ne cesse de lui répéter, je joue avec les cartes que l'on me donne. De puis un an que je la vois, je l'ai à peine écoutée, dans la mesure où ses plaintes récurrentes ne m'apportent aucun élément intéressant destiné à la traiter durablement.

En revanche, je me suis astreint à appliquer le modèle EASE décrit ci-dessus en la forçant à "avoir rendez-vous avec la vie chaque jour". La solution est empirique et basique et l'on est loin des grands concepts analytiques en vogue chez les intellos. Cependant, j'ai constaté une amélioration spectaculaire de son état. Et de la même manière j'ai pu constater que le psychiatre qui la suivait en parallèle réduisait de manière évidente, non seulement le nombre de molécules prescrites, mais encore leur dosage.

Bref, si vous vous sentiez seul, brisez ce cercle de la solitude en agissant. Et surtout privilégiez toujours de vraies relations épanouissantes à des moments sociaux médiocres.

Oxymores féminins !


Allez, paf, on va encore m'accuser de faire du sexisme voire du spécisme. Et pourquoi pas d'abord ? Imaginer qu'au-delà de notre beau néo-cortex, qui nous permet à tous, femmes et hommes, de faire de belles études, puisse exister un cerveau plus ancien qui fasse qu'il y ait des femelles et des mâles de l'espèce n'est pas un crime.

Bien au contraire, c'est nier les différences qui serait à mon sens la plus grave des attitudes. Ce serait faire comme Lyssenko sous Staline, en imaginant qu'il y ait une science bourgeoise et une science prolétarienne. L'époque ayant changé, on n'oppose plus bourgeois et prolétaires mais phallocrates et féministe.

Pourtant, et les cas de changement de sexe l'attestent, quand on fait prendre des hormones femelles à un homme ou mâles à une femme, les comportements changent. Testostérone et oestrogène différencient sans doute nos comportements à un stade plus archaïque de notre cerveau. On peut être une femme et avoir fait l'X et faire chier son mec. A l'opposé, on peut être un homme, être diplômé des Beaux Arts et être un queutard invétéré.

Tout ce long préambule pour vous expliquer que j'ai été confronté récemment à quatre histoires racontées par mes patients. Dans les quatre cas, ces jeunes hommes faisaient état d'un comportement pour le moins erratique et apparamment illogique émanant de jeunes femmes pourtant parfaitement saines d'esprit.

C'est ainsi que l'un d'eux m'a expliqué qu'au cours d'une soirée un peu débridée dans un bar, il s'est mis à danser sur une table en compagnie d'une demoiselle à qui il ne semblait pas indifférent. Et comme l'attraction augmentait, le rapprochement eut lieu jusqu'à ce que la demoiselle lui dise "qu'elle avait un mec".

Dans les deux autres cas, les rencontres eurent lieu de manière plus classique et tandis qu'il semblait s'établir de manière plus que chaleureuse jusqu'à ce que les demoiselles expliquent là encore "qu'elles avaient un mec".

Enfin, dans le dernier cas, tandis que la jeune femme émettait l'idée qu'elle passait d'excellente soirée avec le jeune homme, elle avançait aussi que les dix ans de différence lui faisait peur.

Alors que penser de ce comportement totalement oxymorique consistant à se comporter comme une femme libérée tout en faisant par la suite intervenir un argument moral pour ne pas aller plus loin ? Quelle logique dans cette attitude ?

Je n'ai évidemment pas la science infuse mais il me semble qu'il y ait un carambolage entre la nature et la culture. C'est à dire que biologiquement, la femelle de l'espèce semble d'accord pour aller plus loin comme l'attestent les comportements dénués d'ambiguités tandis que la femme morale freine des quatre fers.

Tandis que la femelle semble d'accord pour aller plus loin, la femme craint le jugement moral. Et plutôt que de trancher directement ce dilemme moral, elle fait reposer, par un tour de passe-passe habile, sa responsabilité sur monsieur. Le oui semble plus manifeste que le non. Ces demoiselles sont à mon sens, tout à fait d'accord pour aller plus loin, pourvu qu'elles gardent intactes leur réputation.

C'est semble-t-il une évidence qu'en cas d'histoire sérieuse, mademoiselle ne veut absolument pas passer pour la pouffiasse qui sort avec un type alors qu'elle a déjà un copain, n sachant qu'elle devra à un moment donné le révéler à sa nouvelle conquête. On n'imagine pas le lendemain la demoiselle expliquant à son nouveau petit copain :"au fait tu sais j'ai déjà un copain mais ne t'inquiète pas, je vais le plaquer parce que tu es mieux que lui". Cela ne donnerait pas une très bonne impression.

D'où cet oxymore féminin consistant à sortir par beau temps avec un parapluie en disant manifestement "tu me plais" par le comportement observé, tout en expliquant "je ne peux pas parce que j'ai un mec" avec des mots.

Alors dans ce cas, que faire ? Moi, j'ai juste conseillé de foncer et de croire aux faits plus qu'aux mots. Foncer ne veut pas dire forcer entendons nous bien. Je ne prétends pas qu'un non puisse être un oui ! Je pense bien au contraire qu'il s'agit de retourner habilement l'argument avancé par la demoiselle à son avantage.

Ainsi, il a suffit à l'un d'eux, d'opposer à la différence d'âge avancée par la demoiselle, que "non, il la trouvait très mure et que les dix ans de différence ne luis semblait pas handicapant", pour que l'affaire soit dans le sac. L'un d'eux a juste dit que si l'histoire était sérieuse, elle ne serait pas là à lui parler depuis deux heures mais que son mec serait là et cela a marché. Les deux autres, se rendant à l'argument d'un mâle déjà dans la place, n'ont rien tenté et on laissé filer la proue.

Il me semble bien que dans tous ces cas, ces demoiselles n'aient pas eu envie de trancher par elles-mêmes de peur de passer pour des salopes, mais aient simplement, avec beaucoup de ruse, décidé de laisser trancher le dilemme moral par le jeune homme.

La prochaine fois qu'après un bon moment passé en compagnie d'une jeune femme qui vous semble disponible, elle vous explique qu'elle a un copain, remerciez-la d'avoir été assez honnête pour vous le dire et rajouter que vous n'êtes pas jaloux puis voyez où cela vous mènera.

Ne tombez pas dans le piège de l'oxymore !

07 juillet, 2014

Le mécanique plaqué sur du vivant !


Dans les thérapies modernes, on favorise l'approche bio-psycho-sociale. L’aspect biologique, c'est de la médecine. C'est se souvenir qu'on a un cerveau, un système endocrinien, etc., bref que la psychologie de grand-papa avant les découvertes de Brown-Sequard et de ses continuateurs, a vécu. L'aspect psychologique, c'est ce que la personne a vécu en termes d'expériences, traumatisantes ou non, et qui a permis de se forger une personnalité plus ou moins adaptée. Enfin, le volet social concerne l'adaptation de l'individu à son milieu.

C'est souvent le parent pauvre de la thérapie. On se focalise toujours sur l'aspect psychologique en sous-estimant les ravages que peut réaliser une mauvaise adaptation d'un individu à son milieu. Et trop souvent, on imagine que les souffrances sont d'origine psychologique alors que dans bien des cas, il s'agit d'une inadaptation de l'individu à son milieu.

Car si l'on a voulu vanter le sens de l'adaptation comme étant une modalité majeure permettant à une espèce de survivre, en termes psychologiques, il faut aussi que ce soit une qualité transitoire. A force de s'adapter sans cesse, on est comme une forme ronde que l'on ferait rentrer dans un trou carré à coups de marteau. A la longue, pour éviter la solitude ou les questionnements lancinants sur qui l'on est, on finit par se perdre de vue. 

A force d'être à géométrie variable, par avidité de coller aux désirs supposés d'autrui, on finit par perdre toute identité sociale. Habitué à se mirer dans le regard de l'autre pour définir ses propres limites, on ne sait plus qui l'on est. La suradaptation permet de ne jamais être seul en réalisant le tour de force de nous rendre encore plus seul. 

Ayant perdu de vue ses propres besoins, la personne se conforme à des normes sans jamais les remettre en question. Elle devient une sorte de normopathe terrible. Sa vie se résume à consommer, à réussir, pour qui, pour quoi ? elles n'en savent rien. L'important n'est plus de s'intéresser à leurs désirs mais à leurs besoins. Mais leurs besoins, elles ne les reconnaissent même plus.

La suradaptation est le symptôme d'une grande dépendance affective. C'est une perturbation pathologique de la relation à autrui mais aussi à soi. On maintient à l'âge adulte des comportements de survie le plus souvent acquis durant l'enfance sous le coup de peurs et notamment celle d'être abandonné. Ces stratégies de défense perdurent malgré leur inutilité. Elles survivent à leur utilité. L'adulte suradapté agit comme un enfant apeuré.

Les décisions prises sont alors calquées sur ce  que l'on ressent des autres, et pire encore, sur ce que l'on anticipe de leurs comportements. Impuissant et vulnérable à l'excès, ce normopathe, ce déficient relationnel, décide de subir mais jamais de choisir. Comment le pourrait-il puisque de toute manière il ne connait pas ses besoins. Alors, à défaut de jamais se connaitre, il décortique les autres, tentant de mimer son comportement sur les leurs. Passé maitre dans l'art d'analyser les autres, l'adulte suradapté ne sait plus faire que cela. Sa vie devient une pantomime réglée sur les figures des autres.

Cette permeanente suradaptation est consommatrice d'énergie psychique à outrance. Vient alors le moment où la personne surdaptée décompense, le plus souvent dans des dépressions spectaculaires et inattendues pour ceux qui n'ont pas su voir. Ceux pour quoi, l'apparence de normalité signait la normalité, l'adaptation parfaite, sont alors étonné de voir cette personne bien comme il faut, gentille et polie avec tout le monde, sombrer dans la dépression la plus totale, n'hésitant pas à envoyer balader tout ce qui constituait les fondements de sa vie de façade. 

Le théâtre vole alors en éclat et c'est toujours dur à comprendre. La plupart des aidants considérant que la personne allait bien avant cet épisode dépressif, voudront alors la réinstaller dans son ancienne vie. Alors que bien au contraire, il faut l'aider dans la destruction de tout ce faux-semblant pour reconstruire sa propre vie basée sur ses attentes véritables. Il faut justement lui éviter de devenir comme Eliza Doolittle, le personnage central de Pygmalion.

Le patient suradapté se distingue toujours par une énorme volonté de bien faire, voire de trop bien faire. Ils vous scrute, vous observe, croyant pouvoir encore une fois copier des attitudes et des pensées afin de changer en mieux. De fait, il ne tente que de retourner à son état antérieur avec la même stratégie de surdaptation. 

Il faut toujours savoir les décourager dans leurs entreprises mimétiques. Il ne faut surtout pas qu'il "plaquent du mécanique sur du vivant". Il faut décourager leur envie de stéréotypie, leur soif d'imitation, leur envie de ressemblance. Il ne s'agit pas de les rejeter mais simplement de leur faire comprendre que "moi, c'est moi et que toi, tu es toi". Il s'agit simplement de les réconcilier affectivement avec eux-mêmes en les faisant découvrir leurs vrais besoins.

"L'homme raisonnable s'adapte au monde ; l'homme déraisonnable s'obstine à essayer d'adapter le mond eà lui-même. Tout progrès dépend donc de l'homme déraisonnable".
George-Bernard Shaw

04 juillet, 2014

Enigmes !


C'est un peu la mode dans certains entretiens de recrutement. On vous balance une énigme que l'on vous propose de résoudre. Ce n'est évidemment pas la solution qui intéresse le futur employeur mais la manière dont vous vous proposez de la résoudre. Si vous claquez la gueule du recruteur pour qu'il vous donne la réponse (méthode Gringeot), que vous trichez en pianotant discrètement sur votre Iphone sous la table (méthode Jean Sablon) ou encore que vous noircissez des pages d'équations absconses en vous proposant de démontrer l'existence de Dieu afin qu'il vous donne la solution (méthode Chaton), que vous vous levez en lui disant que ça vous fait chier de répondre à cette question débile (ma méthode) vous risquez d'apparaitre comme un type violent, un pur escroc, un mec compliqué ou encore un gros branleur. 

Bref, vous l'aurez compris, peu importe le résultat de l'énigme, c'est la manière dont vous tentez de la résoudre. Tant mieux si en plus vous trouvez la solution mais en revanche, tenter à tout prix d'élucider l'énigme n'est pas à faire. C'est scolaire et cela prouvera juste que vous aimez perdre votre temps et que chez vous, les étagères doivent être encombrées de casse-têtes chinois et que vous aimez encore jouer avec un rubik's cube. A moins que vous ne passiez pour le gars qui, ayant peu confiance en lui, se jette à corps perdu dans la résolution de l'énigme pour mériter la reconnaissance du recruteur.

Mercredi, c'est Le Touffier qui semblait bloqué sur la résolution d'une énigme. Ayant décidé que tous ceux qui étaient à la séance de cafing étaient intelligents, le voici qui nous en parle. Bien sur, glandeurs comme nous le sommes, il était hors de question que l'on passe plus de deux minutes sur le sujet. D'une part, parce que l'on se branle de savoir à partir de quel étage une noix de coco se brise et enfin parce que de notre point de vue, la résolution d'énigme est à apprécier à l'aune du Sudoku : c'est un truc que l'on fait quand on se fait vraiment chier et qu'on n'a vraiment rien d'autre à faire.

C'est ainsi que si l'on n'a pas résolu l'énigme consistant à deviner à partir de quel étage une noix de coco se briserait si on la lançait, l'échange nous a tout de même permis de dégager de grandes lignes concernant les résolution d'énigmes en général.

Il en ressort que face à une énigme posée soit par un magazine, soit par un site de surdoués où tout un chacun fait assaut d'intelligence, on ne doit jamais passer plus de deux minutes sur le sujet. Si l'on passe plus de deux minutes sur le sujet cela prouve deux choses :
  • D'une part soit que l'on a une piètre estime de soi-même et que l'on cherche l'épreuve ultime qui nous rendra grâce et fera de nous le géant de nos rêves. L'énigme devient une sorte de Graal, le process par lequel on ne devient pas intelligent mais le chemin qui nous prouverait enfin que l'on est intelligent. C'est triste au moins autant qu'un chien qui ferait le beau pour une croquette.
  • D'autre part soit que l'on n'a pas d'amis et que l'on vit seul dans un studio encombré d'ordinateurs et de boites de pizza vides. La résolution d'énigmes reste alors la seule stratégie de survie qui empêche le passage à l'acte chaque fois que l'appel du suicide résonne en nous. Résoudre une énigme permet alors de mobiliser le système nerveux central en empêchant l'angoisse.

  • Dans ces deux cas, le mieux est de consulter votre médecin généraliste qui le cas échéant vous prescrira un traitement adapté et vous enverra voir un psy.  Le manque de confiance en soi, tout comme l'angoisse ou l'isolement affectif ne sont pas des fatalités contre lesquelles on ne puisse rien tenter. Cependant résoudre des énigmes ne règlera jamais le problème, sinon les chercheurs de chez Lilly (par exemple) n'auraient pas sorti le célèbre Prozac mais des magazines de jeux.

    Bref parfois, l'intelligence ne se mesure pas à la capacité à résoudre une énigme ou régler un problème mais simplement à la rapidité avec laquelle on décide de s'en foutre pour se consacrer à des choses plus intéressantes.




    Énigme : Comment évaluer le poids d'un cheval à partir d'un sac de pommes de terre.

    Stratégie IVL !


    Depuis que je parle des succès de Jean Sablon, surnommé aussi le chacal, nombreux sont les messages que l'on m'adresse à ce propos. Si une de mes lectrices m'explique qu'elle lui aurait volontiers coupé les c....... parce qu'elle déteste ce genre de suborneurs (véridique), force est de constater que ce sont plutôt des hommes qui me demandent les recettes de son succès.

    Récemment encore, un de mes chers patients qui me parlait de l'éventualité d'inviter une fille à prendre un verre ne pouvait se résoudre à agir normalement de peur de ne pas être le mâle alpha ! Encore une fois, je vantais les mérites qu'il y a à être simplement soi-même quitte à expliquer à la demoiselle en question que l'on est un peu réservé. Rien ne sert de vouloir apparaître pour celui que l'on n'est pas. Cela mobilise une énergie considérable et fragilise. Être simplement soi-même, c'est prendre le parti d'éviter l'anxiété d'anticipation pendant que l'on cherche à construire son personnage, sa pantomime pédante, et le risque d'être ridicule en passant pour un fake, un héros en carton.

    Finalement, c'est très simple d'adopter la bonne stratégie et l'on est bien loin des conseils plus ou moins alambiqués des sites dédiés à la drague. Du moins ds conseils que j'ai lus, car je ne doute pas que certains de ces sites puissent prodiguer d'excellentes tactiques. Nul besoin d'avoir suivi le parcours du combattant nid'avoir échafaudé des théories complexes pour devenir un PUA et pour engranger les succès. La recette est simple. Elle tient en peu de chose et voyant Jean Sablon agir, je l'ai appelée la stratégie IVL.

    Il ne s'agit pas de chiffres romains mais des lettres I,V et L.  I pour Intérêt, V pour Valorisation et L pour Liquette. Parce que j'ai noté que le secret était bien simple. Plutôt que de tirer la couverture à soi en racontant ses succès comme le feraient la plupart des hommes, Jean sablon s'intéresse à la femme qu'il tente de circonvenir séduire.

    Il l'écoute, quel que soit l'intérêt qu'il porte à son babil. C'est le I de la stratégie. Nul besoin de se couvrir maladroitement de gloire en racontant ses succès sportifs ou professionnels, de faire assaut d'intelligence ou de testostérone ! Les exploits de l'employé de bureau parisien sont lassants à la longue. Nul besoin non plus de parader en Harley-Davidson ou grosse Honda, de jouer le beau en Jaguar, aucun investissement n'est requis. Comme chez Mc Do, venez comme vous êtes !

    Exemple 1 :
    Fille : J'étudie le serbo-croate.
    Jean Sablon : Ah bon ? C'est super intéressant, comme cela tu peux parler avec des Serbes et des Croates.

    Exemple 2 :
    Fille : J'étudie le serbo-croate.
    Crétin : Ah ok, moi j'ai fait l'ENS, HEC et l'X. J'ai un gros salaire et une voiture énorme.

    Vient ensuite le V de la stratégie, phase au cours de laquelle, Jean Sablon valorise la demoiselle. Là où le crétin de base, entrerait dans une lutte pour montrer qu'il est plus beau, plus fort et plus grand, notre séducteur laisse filer le poisson en refusant toute confrontation. Il valorise sa proie, sans se diminuer pour autant. Tel le chasseur à l'affut sous le vent, il disparait presque ne laissant qu'un miroir offert dans lequel la demoiselle se mirera.

    Exemple 1 :

    Fille : oui je peux aller dans l'ex-Yougoslavie et me faire comprendre.
    Jean Sablon : tu dois être intelligente car il parait que c'est une langue très difficile.
    fille : (sourire timide) Je ne sais pas mais merci du compliment.
    Jean Sablon : De rien c'est sincère.
    Fille : Cela se sent que tu es quelqu'un de sincère parce que tu t'intéresses vraiment aux gens.

    Exemple 2 :
    Fille :Ah désolée, je ne suis qu'une étudiante en faculté.
    Crétin : non ce n'est pas ce que je voulais dire ...
    Fille : (regardant sa montre) Oh il se fait tard. Salut, c'était sympa, à plus.
    Crétin : Mais euh, je n'ai pas ton numéro !
    Fille : ... (on entend juste la porte du café qui se claque)

    Évidemment, ramage et plumage doivent être coordonnés. Inutile d'adopter cette stratégie IVL si tout dans votre manière d'être vient contredire la nature de vos propos. si vous descendez de votre Audi TT cabriolet en agitant votre Rolex en portant des vêtements arborant ostensiblement une marque de luxe, c'est fichu. La stratégie IVL est celle du garçon bien qui cherche une fille bien, pas celle du mac qui voudrait une roulure !  D'où l'importance du L pour Liquette. La liquette, c'est la preuve que l'on assène à la personne que l'on est quelqu'un de normal et non un pitre surpris en pleine comédie.

    Parce que notre ami Jean Sablon ne fait pas de frais de toilette particulier. Non, un simple jean et une liquette en coton font l'affaire. Manches longues l'hiver avec un pull col en v et manches courtes l'été avec poche de poitrine plaquée, ni plus, ni moins. Et toujours dans des couleurs neutres ou passe partout : blanc ou bleu clair. La fantaisie est proscrite ! La liquette en coton, c'est le suaire de Turin du vrai séducteur, du simple en esprit, qui prend l'autre en considération et se présente à lui sans forfanterie. La liquette de coton, c'est l'uniforme de celui qui abandonne tout égo démesuré pour valoriser autrui en témoignant de sa volonté de communiquer vraiment. C'est très abordable, ça se trouve même à moins de dix euros ici. Jean Sablon achète les siennes sur le marche de La Chaise-Dieu en Auvergne.

    On ne se met pas trop en valeur, on met l'autre en valeur. On ne joue pas le kéké sorti de salle de sport, le cheveux gominé avec un pull ouvert sur des pectoraux épilés cherchant sa cagole, on est un type normal et on le montre. On est à fond dans la stratégie IVL et non dans une drague lourde et maladroite qui sent de loin la lecture des sites de drague. On ne pêche pas à la dynamite, encore moins avec un chalut, on pêche à la mouche et c'est un truc d'expert !

    Vous l'aurez compris, on gagne toujours à être simple, c'est à dire à être soi-même.

    "Il y a quelque chose de plus haut que l'orgueil, et de plus noble que la vanité, c'est la modestie, et quelque chose de plus rare que la modestie, c'est la simplicité"
    Rivarol