28 mars, 2011

Intermède culturel : un peu de photo d'art !

Composition originale montrant un homme chauve (Le Gringeot) face à la devanture de la brasserie le Wepler, place Clichy à Paris.

Ne cédons pas à l'émotion !


Voici quinze jours que le Japon était victime d'un tremblement de terre ayant entraîné un tsunami ayant lui même entraîné un accident dans une centrale nucléaire et je n'en avais pas parlé. J'étais occupé par ailleurs et puis il faut avouer que l'événement ne concernait pas vraiment mon blog.

Je suis évidemment extrêmement peiné pour les japonais, même si je n'en connais aucun, quoiqu'à vrai dire quand j'étais jeune, j'en ai eu un dans ma classe durant deux années. Mais comme il vivait à Sceaux, je doute qu'il ait péri dans la catastrophe, à moins qu'il n'ait pas eu de pot et se soit dit voici quelques années : "allez hop marre de la banlieue sud, je m'installe à Fukushima, j'ai trouvé un petit pav' sympa et pas cher et du boulot chez  Tepco".

Et puis, au risque de passer pour un abruti n'ayant pas compris que la planète est maintenant un village, voire pour le roi des salauds, on m'a toujours appris à aimer mon prochain alors je crois avoir plus de mal avec mon lointain. Mais bon, vous m'excuserez en songeant que je ne suis plus tout jeune.

Et puis pour tout vous dire l'orient mystérieux m'emmerde un peu, je préfère le café au thé, je n'aime pas tellement le poisson et je ne pratique pas le yoga, autant de caractéristiques qui m'éloignent du pays du soleil levant. J'avoue avoir possédé une Yamaha et une Suzuki, mais avouez que cela ne suffit pas pour devenir un spécialiste du Japon.

Au-delà du drame humain, j'ai trouvé que la catastrophe était une vraie claque pour les écologistes, démontrant s'il en était besoin que la nature n'est pas bonne pour l'homme mais que c'est une marâtre qu'il faut parfois apprivoiser, parfois tromper mais aussi violer à la hussarde pour lui faire rendre raison ! Si nous ne l'avions pas fait, nous vivrions sans doute cul-nu dans des trous ou des cavernes, sales et rongés de vermine et le ventre creux avec une espérance de vie avoisinant les trente ans pour les plus chanceux.

Mais finalement le plus grotesque aura été la gestion de la crise par les journalistes et sa récupération par les politiciens qui y avaient intérêt. S'agissant de faits divers, j'entends toujours depuis des années qu'il ne faut pas faire d'amalgames, qu'il ne faut surtout pas généraliser ni bien entendu stigmatiser. Bien entendu, ceux qui seraient tentés de surfer sur les peurs et d'exploiter les faits divers à des fins de politique politicienne ou pire de tirer des conclusions hâtives voire même de vouloir jeter le bébé avec l'eau du bain ou d'être tenté de dire que le chien à la rage pour mieux le noyer ne sont rien moins que des salauds.

Pourtant, à peine avions nous entendu parler des problèmes de la centrale nucléaire japonaise, que tous les écolos bon teint se pressaient devant les caméras de télévision ou sur les plateaux pour dénoncer la filière atomique. Si la nature ne l'avait pas fait, sans doute en auraient ils rêvé tous ces exploiteurs de drame. Une centrale nucléaire en péril, quelle aubaine pour ce que le monde entier compte d'abrutis. Et là, on oublie vite les milliers de morts ou plutôt on ne les oublie pas, on les exploite bien vite jusqu'à la moelle pour faire passer ses idées passéistes et débiles. 

Quant aux journalistes, ils auront fait de même. Je me souviens d'un matin ou buvant mon café allant d'aller travailler, je regardais BFM Télé pour avoir les nouvelles. Deux journalistes, un type et une nana, lisaient des trucs sur leur prompteur qu'ils ne comprenaient sans doute pas en faisant de vraies têtes d'acteurs. A croire qu'on les avaient briefé avant en leur recommandant de surtout faire peur ! Et en bande sonore dans le fond, on avait même le droit à un fond sonore, des violons, un peu comme dans Psychose quand on voit le poignards s'abattre à travers le rideau de douche. 

Si tout cela ce n'est pas de l'exploitation de l'émotion, je ne m'y connais pas. Devenir journaliste dorénavant, ce sera être capable de rédiger cent lignes à partir d'une dépêche d'AFP et avoir lu un petit manuel de psychologie sociale pour savoir comment jouer sur les émotions et manipuler les masses. 

Et en plus, cerise sur le gâteau, si vous êtes beau(elle) vous pourrez tenter la télévision. En revanche avec un physique moyen mais une grosse paire de moustaches vous pourrez devenir chef de parti écolo.

Et comme la nature est une marâtre qu'il faut domestiquer de force, en fin de journée je me suis vengé et j'ai taillé une haie ! Je ne fais pas me faire emmerder par des arbustes à la con, non mais !

Lâcher prise !

Saturne dévorant ses enfants (Francisco Goya)

Un de mes chers ex-patient est passé me voir avec un document émanant des AA dans lequel sont énoncés tous les cas de lâcher prise. En souriant, il m'a expliqué que je me retrouverais sans doute concerné par deux ou trois réflexions du document. J'ai fait suivre d'une astérisque les remarques pourraient me concerner.

Le lâcher prise est devenu l'expression la plus couramment utilisée dans les séminaires de développement personnel tant et si bien que plus personne ne sait ce que cela signifie vraiment.

C'est pourtant fort simple si l'on comprend que ce n'est qu'une resucée du premier précepte stoïcien expliquant qu'il y a "ce qui dépend de nous et ce qui ne dépend pas de nous" et qu'il faut toujours faire la part des choses. En effet, en voulant faire dépendre de nous ce qui ne dépend pas de nous nous courons à la folie.

En bref, lâcher prise c'est admettre que l'on ne peut pas tout contrôler et savoir que certaines choses doivent s'accomplir en dehors de nous. C'est accepter parfois de laisser tomber notre désir, nos représentations, nos jugements de valeur, projections et autres préjugés pour rester à l'extérieur et contempler. Et même si cela parait simple, c'est en fait très compliqué tant et si bien que le grand Epictète lui-même cherchait encore un homme sage à la veille de sa mort.

    Le lâcher prise,
  • c'est comprendre que rien n'est permanent ou solide et que tout est en perpétuel changement.
  • c'est accepter le processus naturel et inévitable du changement
  • c'est accepter tout ce qui se présente sans rejeter le négatif et sans trop s'attacher au positif
  • c'est prendre chaque jour comme il vient sans trop essayer d'adapter les choses à ses propres désirs
  • c'est considérer toute difficulté et tout ennemi comme notre meilleur ami qui nous aide à progresser  et à grandir.
  • c'est avoir du recul face à tout ce que l'on expérimente.
  • c'est rester serein, détendu et d'humeur égale, quelles que soient les circonstances, agréables ou désagréables ou neutres.
  • c'est utiliser l'humour pour dédramatiser une situation
  • c'est comprendre que les choses ont l'importance qu'on leur donne
  • c'est ne pas regretter le passe mais vivre et grandir pour l'avenir
  • c'est ne pas être passif mais au contraire tirer une leçons des conséquences inhérentes à un événement.
  • c'est vivre dans le présent
  • c'est ne pas s'attarder ay résultat de nos efforts.
  • c'est s'efforcer de faire de son mieux sans vouloir tout contrôler en comprenant que le résultat finale n'est pas qu'entre nos mains.
  • c'est ne pas couper les liens, mais prendre conscience que l'on ne peut contrôler autrui. (*)
  • c'est ne pas se montrer indifférent mais simplement admettre que l'on ne peut pas agir à la place de quelqu'un.(*)
  • C'est de ne pas trop s'occuper de tout mais laisser les autres gérer leur propre destin.(*)
  • c'est de ne pas materner les autres mais leur permettre d'affronter la réalité.(*)
  • c'est ne pas assister mais encourager.(*)
  • c'est ne pas critiquer ou vouloir changer autrui mais tenter de déceler ses propres défauts.
  • c'est ne pas juger mais accorder à l'autre le droit d'être humain
  • c'est se mettre à la place de l'autre en essayant de comprendre ses motivations
  • c'est donner le meilleur de soi-même et devenir ce que l'on rêve de devenir
  • c'est craindre moins et aimer davantage.
Ce qui est très amusant, c'est qu'en tant que psy, je sais très bien faire cela. Même si je pressens qu'un patient devrait agir autrement, je lui laisse généralement le droit de le faire, à moins qu'il ne mette sa vie en danger ou ses moyens d'existence. En bref, je sais très bien me défendre contre ce que l'on nomme communément la tentation de toute puissance. Sans doute, que je me laisse transcender par mes fonctions et que j'agis en curé laïc comme si le fait d'avoir une plaque sur la rue me donnait des devoirs extraordinaires.

En tant qu'ami, il en va autrement et je m'agace assez souvent contre les autres, le plus souvent sans leur dire et parfois en leur disant d'une manière abrupte. J'ai beau savoir que les capricornes sont les pères du zodiaque, je cède trop souvent à la tentation de ressembler à Saturne notre maître astrologique.

Ceci dit, personne n'est non plus obligé de me fréquenter ! Eux aussi peuvent lâcher prise en admettant qu'ils ne peuvent pas tout contrôler et que je suis ... tel que je suis.

Les hommes sont compliqués !

Pas drôle et faux !

Les femmes sont souvent appelées sexe faible et voudraient voir en nous des individus virils et velus aux joies simples, des sortes de brutes mues uniquement par le désir d'accomplissement de désirs simples et naturels. Ainsi lorsque Florence Foresti dans un de ses sketches explique que pour qu'un homme soit heureux, il lui faudrait uniquement des vaches, des patates et des Porsches, sans doute ne fait-elle qu'approche que bien imparfaitement l'extraordinaire complexité des hommes. Ce qui la sauve, c'est que notre sacro-sainte virilité que nous portons à bout de bras, nous empêche tout simplement de nous plaindre de sexisme parce qu'il est connu qu'un homme doit tout endurer sans jamais se plaindre. C'est ainsi que le MLH n'aura jamais le succès du MLF. Et puis rajoutons que quand j'entends la Foresti parler de garçons au lieux d'hommes cela m'énerve, ça me rappelle trop ces émissions de télévision stupides dans lesquelles il n'y a plus que des garçons et des filles au lieu de femmes et d'hommes.

Je reçois un  tiers d'hommes pour deux tiers de femmes et j'ai l'habitude d'affirmer que la clientèle masculine est bien plus compliquée à traiter que la clientèle féminine. Sans apparaître sexiste, ce qui serait vraiment très mal à notre époque, il m'a toujours semblé qu'à complexité égale, le discours féminin ne cherche pas forcément de solution, tandis que le discours masculin tendra forcément vers la résolution du problème. Peut on imaginer que tandis que les femmes sont apaisées par le simple fait de discourir, il faudrait aux hommes la possibilité de poser des équations qui fonctionnent ? 

Dans les faits, malgré une apparente complexité, je trouve les femmes bien plus simples que les hommes qui se révèlent eux, une fois que l'on creuse un peu, bien plus complexes qu'ils n'apparaissaient au départ. Ainsi, la semaine passée, je recevais le jeune X, un patient venu me consulter avec pas mal de problèmes que nous avons pu régler assez rapidement.

Lors de cette séance, nous avons touché le fond du problème : sa capacité incroyable à rendre complexe et abscons le moindre micro-événement de son existence. Ainsi, il m'expliquait qu'il prenait des nouvelles d'une de ses amies et qu'en lui envoyant un SMS, il avait écrit : j'espère que tu es bien remis. En me racontant cette micro-anecdote, je l'ai vu s'assombrir parce qu'il avait fait une faute d'accord à l'adjectif en ne le mettant pas au féminin.

Benoîtement, je lui expliquai alors qu'il s'agissait d'une faute de frappe ou encore d'une erreur simplement due au mode T9 qui sur les portables vous propose des mots au lieu d'autres. Dernièrement en voulant conclure un de mes messages par "bisous", j'avais ainsi envoyés "biceps" parce que c'est ce que me proposait mon Iphone. Je rajoutai naïvement que s'il était gêné à l'idée qu'on le prenne pour un pauvre type incapable d'accorder un adjectif, il aurait suffi de renvoyer un sms avec juste écrit "remise et non remis" et le tour était joué.

Mon patient chassa cette explication d'un revers de main pour me livrer le fruit de ses cogitations. Il m'expliqua ainsi qu'il avait pensé que le fait de mettre cet adjectif au masculin était peut-être du au fait qu'il voulait désexualiser son amie. Eberlué par ces explications alambiquées, je le laissai continuer ses élucubrations et il poursuivit en m'expliquant qu'en faisant cela, il lui déniait sa qualité de femme mais qu'en fait c'était surtout l'aveu qu'il restait centré sur lui parce qu'il était égoïste et qu'en lieu et place de ses nouvelles à elle, c'est surtout de lui dont il s'inquiétait et qu'inconsciemment il se posait la question à lui même : es tu remis ?

J'aurais pu être gentil et accommodant et démonter patiemment ce rationalisme morbide en lui montrant combien ces explications alambiquées étaient fumeuses et tout juste digne d'un étudiant en sciences humaines de deuxième année. Je n'en ai rien fait parce que lui et moi nous connaissons bien et qu'il apprécie mon franc-parler. Je lui ai juste dit que c'était sa nature de se poser trop de questions et que de temps à autre, il fallait savoir se dire "ta gueule" quand on sentait que l'on travaillait un peu trop du chapeau, que c'était une technique efficace. Et ensuite j'ai juste rajouté : vous êtes intelligent mais parfois vous pensez trop, vous devriez faire apparaître un syntax error quand vous allez trop loin".

Rappelons-nous que l'abus de psychologie nuit à la psychologie et que la branlette intellectuelle aussi fumeuse et séduisante soit-elle n'est en rien une méthode efficace pour aller mieux. Un cigare n'est parfois rien d'autre qu'un cigare disait le grand Sigmund qui s'y connaissait pourtant en branlette intellectuelle alors souvenons nous aussi que parfois une faute de frappe n'est parfois rien d'autre qu'une faute de frappe.

Les hommes sont compliqués n'en déplaise à Florence Foresti.

L'effet Fox !


Voici deux semaines, un de mes jeunes patients diplômés de Sciences-Po m'expliquait comment il avait renoncé à la filière service public pour s'engager en éco-fi. Comme il me l'expliqua, le premier cours de sociologie politique eut presque raison de lui. Ainsi, son professeur annonça qu'il allait s'engager dans un débat politico-stratégique à dimension normative. Puis, mon jeune patient fut achevé définitivement quand ouvrant le livre conseillé par ce professeur, il tomba sur une titre de chapitre énonçant : Un paradigme heuristique. Comme il était sérieux par nature, il tenta de lire le chapitre et m'expliqua que l'auteur avait écrit de manière absconse et pénible ce qui aurait pu être rédigé simplement en dix lignes sans grand intérêt.

Nous avons abordé ensemble l'effet Dr Fox qui est un phénomène fort peu connu en France. L'effet Dr Fox se réfère à une étude en psychologie sociale réalisée au début des années 1970 aux USA.. Elle a démontré en étudiant la relation entre le professeur et les étudiants, que  l'évaluation de l'enseignement dépend beaucoup plus de la personnalité du professeur que du contenu du cours. De fait, elle souligne aussi que contrairement à ce qu'affirme la sagesse populaire, en psychologie sociale : l'habit fait le moine.
L'expérience consistait à faire réciter pat un acteur n'ayant aucune expérience du sujet devant un aréopage de spécialistes composé de cinquante-cinq psychiatres, psychologues et étudiants thésards une conférence bidon concernant l'application des mathématiques aux comportement humains.
C'est ainsi que l'expérience consistait à annoncer que le « Dr. Myron L. Fox », un spécialiste reconnu, donnerait une conférence traitant de  La théorie mathématique des jeux et son application à la formation des médecins (Mathematical Game Theory as Applied to Physician Education). La conférence dura une heure suivie d'uen demie heure d'échange. Il fut demandé par la suite aux participants d'évaluer la conférence.
La conférence fut présentée trois fois devant un total de 55 personnes qui évaluèrent généralement très positivement la conférence sans qu'aucun d'eux n'ait jamais détecté que cette dernière n'était en réalité qu'un grossier canular. Il avait suffit qu'un acteur jouant le rôle du docteur Fox récite avec autorité et conviction un texte truffé de jargon, de sophismes et bourré d'invraisemblance pour qu'il remporte l'adhésion de l'auditoire. . Ces dernières ont généralement évalué très positivement la conférence et aucune n'a détecté que cette dernière était, en réalité, un canular récité avec autorité et conviction par un acteur (Dr. Fox) ayant appris par cœur un texte truffé de jargon, tissé de sophismes et n'ayant aucune base valable.
Bien entendu, il n'est pas question ici d'affirmer qu'il faille se méfier de tout ce qui semble relever du jargon. Il est évident que parler de physique quantique nécessitera toujours des termes techniques. Justement le discours  technique n'est pas le jargon. Le discours technique prévaut lorsqu'un mot ne peut être remplacé par un autre là, où le jargon complexifie le discours à outrance afin de le rendre incompréhensible. On entre là dans une manipulation destinée à masquer la vacuité du message, à donner du prestige à ceux qui l'emploie et enfin faire croire au récepteur du discours que seul l'émetteur détient les clés de compréhension de la réalité.
Se laisser happer par ce jargon c'est remettre sa destinée entre les mains de manipulateurs qui n'auront de cesse de vous enfermer dans leurs discours en vous assurant que vous avez besoin d'eux pour comprendre le monde. Or, l'expérience le prouve chaque jours, les humains sont dans leur écrasante majorité totalement apte à survivre par eux-mêmes en tissant des liens en fonction des besoins qu'ils ont.

Lorsque vous ne comprenez pas quelque chose, n'hésitez jamais à faire reformuler sans craindre de passer pour un idiot. Car c'est justement sur cette peur de passer pour un idiot que repose les techniques de manipulations employées par les jargonneurs de toutes espèces, qu'ils soient politiciens, médecins ou le plombier du coin venu vous escroquer. La langue de bois n'est pas l'apanage des énarques mais simplement des escrocs, lesquels se recrutent dans absolument tous les milieux.
"Un intellectuel est un homme qui utilise plus de mots que nécessaire pour raconter plus qu'il ne sait"
Dwight Eisenhower

12 mars, 2011

Intermède artistique et culturel !

Le Gringeot au téléphone face au château de Sceaux !

11 mars, 2011

Bande de confrères !


Hier j'ai revu le petit Z. C'est un petit mec sympa, un petit brun gaulé comme une crevette, et coiffé comme un dessous de bras, mais vraiment sympa et attachant. C'est un vrai galérien de la vie mais je m'entends bien avec. Quand il venait je ne lui prenais pas une thune parce que de toute manière il n'en avait pas. Il me filait juste un paquet de clopes histoire de dire qu'il avait payé tout de même. Mais je ne pouvais rien pour lui. Et puis il m'a gavé parce qu'il m'a planté trois fois. Et si je supporte tout des patients, je déteste qu'ils me plantent surtout quand j'offre de mon temps. Alors, j'ai refusé de le recevoir.

Et puis, par le plus grand des hasards, je l'ai recroisé dans Paris comme quoi le monde est petit et puis il n'y a que les montagnes qui ne se rencontrent pas. J'allais déjeuner avec un pote médecin et j'ai vu la crevette à dix mètres ! On était content de se voir et il m'a dit qu'il voulait revenir me consulter depuis quelques temps et qu'il jurait que jamais plus il ne me planterait. Comme je suis bon gars je lui ai dit ok en l'assurant qu'en cas de plantage non seulement je ne le recevrai plus jamais mais qu'en plus je le maudirais sur cinquante génération.

Le jour dit et à l'heure dite, il s'est pointé à mon cabinet ! On a pris un café et il m'a parlé de lui. Il m'a expliqué qu'il consultait une psychiatre. Et moi je lui ai redit qu'il était très gentil, pourvu qu'il ne me plante pas les rendez-vous, et qu'à mon sens il n'avait rien du tout d'un point de vue psychopathologique et que je pensais que son mode de vie vain et stérile agissait sur lui comme le ferait un caisson de privation sensorielle. Et parce que j'aime faire la morale, j'ai rajouté que l'oisiveté était mère de tous les vices. Et toc !

Il m'a dit que la psychiatre lui avait fait une ordonnance énorme et il m'a dit ce qu'il prenant. Putain je n'en croyais pas mes oreilles. Alors il m'a demandé à quoi cela servait tous ces médocs et moi doctement je lui ai dit que :
  • Le premier était un antiépileptique ;
  • Le second un neuroleptique donné pour les troubles bipolaires ;
  • Le troisième était un simple antidépresseur prescrit pour les dépressions classiques ;
  • Le quatrième était ce que l'on nomme une "camisole chimique" prescrite au cas où les trois autres n'agiraient pas et permettant de le défoncer légalement de manière à éviter tous risques possibles de suicide ;
  • Et que le tout me semblait franchement abusif et étonnant et que je l'engageais à consulter un autre médecin.

Le petit bonhomme m'a regardé et m'a dit qu'effectivement il était perpétuellement dans le coaltar et m'a tout de même demandé si à mon avis ce qu'on lui donnait était trop. Alors sagement, tout en lui précisant que ce n'était que mon sentiment vu que je ne suis pas médecin (comme me l'avait dit Mlle X dont je parle dans l'article précédent), je lui ai répété que cette prescription me semblait démente mais qu'on pouvait faire mieux.

Il m'a regardé en me disant ce qu'on pouvait faire de plus ? Alors je lui ai dit qu'on aurait pu lui prescrire en plus un antihypertenseur et un antidéiabétique et pourquoi pas un médoc contre les règles douloureuses. Et il a rigolé en comprenant ce que je voulais dire. 

Quand je lui ai demandé le diagnostic porté et qu'il m'a juste répondu "trouble anxieux généralisé", je lui ai écrit sur un papier l'adresse d'un bon psychiatre qui saurait lui faire une prescription intelligente et non lui filer tout et n'importe quoi "au cas où" !

Où le Philippe le psy connait un succès énorme !


Bon, modeste comme je suis, ce n'est vraiment pas mon genre d'étaler ici mes succès thérapeutiques ! Mais devrais-je rougir de honte jusqu'à la fin de mes jours d'avoir été si orgueilleux, ça il fallait que je vous le raconte.

Voici près d'un an que Mlle X me pétait les couilles avec des douleurs lombaires. Alors n'étant pas médecin, il m'a semblé normal de faire des examens afin d'avoir un diagnostic différentiel. S'il y en a bien un qui ne croit pas au "tout psychologique" et qui ne passe pas son temps à psychologiser, c'est bien moi ! D'ailleurs c'est bien simple, je ne fréquente aucun confrère ou si, mais seulement deux sympas et très âgés.

Les examens n'ayant rien donné, j'ai alors osé parler de troubles somatoformes. J'avais d'ailleurs à cette époque parlé de ces curieuses pathologies dans une série de trois articles sur ce blog. Et ne voilà-t-il pas que je me fais engueuler, Mlle X m'assurant que c'était une spondylarthrtite ankylosante. Je ne me laisse pas fair,e piaffe et rue dans les brancards et l'assure que non, ce n'est pas une SPD ! Et là, la phrase qu'on me jette à la gueule comme on repousserait un rom venu vous vendre un journal de SDF : "de toute manière qu'en savez-vous, vous n'êtes pas médecin !". 

Je vois rouge immédiatement, j'éructe et gueule comme un putois que je ne suis peut-être pas médecin mais que je sais reconnaitre une SPD que j'ai déjà eu des cas de la sorte, que c'était fort différent et qu'en l'état il s'agit d'un trouble somatoforme et que je n'en démordrai pas. Je rajoute à la volée que son médecin qui est lui bien médecin j'en suis sur n'est pourtant qu'un âne incapable de bien diagnostiquer et que quand on est aussi mauvais généraliste, on se contente de soigner des rhumes et des bronchites mais qu'on ne vient pas jouer dans la cour des grands ! Fuck !

Et les mois passent et passent et l'état ne s'améliorer guère ce qui me fait rigoler vu que moi, je sais que c'est psychologique et non physiologique. Mais bon, je ne dis rien surtout que Mlle X est du genre coriace alors je n'ai pas envie qu'elle me morde. On continue à papoter et puis voilà, rien ne s'arrange. Parfois quand j'ai envie de l'emmerder un peu, je lui demande "et vos hanches ?" Et j'ai le droit à la même réponse alors je souris en me disant que comme c'est psychologique et du à un stress intense non diagnostiqué, il n'y a pas de risques que cela s'arrange avec des myorelaxants ! Comme je suis sur de moi, je peux rigoler et m'en foutre. 

Et les mois passent encore jusqu'à ce qu'une conversation anodine me mette sur la piste. On est en train de parler de PC quand la demoiselle me dit que le sien date de 2006. Je lui dis alors qu'il serait temps de le changer et la voici qui d'une voix calme me dit que ce n'est pas vraiment le moment. Et là, zou la lumière jaillit en moi ! Cette simple remarque suffit à me mettre sur la voie du manque d'argent, du revers de fortune, et de la honte qui s'ensuit et qui fait qu'elle n'a même pas osé m'en parler ! Comme dit Blier à Gabin dans Le cave se rebiffe : "la thune décarre à tout va et si ça continue elle va se retrouver sur les jantes !"

Alors gentiment mais fermement, je la cuisine et la questionne sans la lâcher dans le genre "vous allez arrêter de me prendre pour un con et me parler franchement" et là, les vannes s'ouvrent. J'apprends que suite à un changement inopiné, elle a perdu plus d'un tiers de son salaire et que les fins de mois sont devenues très difficiles. 

Mais comme c'est une battante, une de ces femelles masculines qui n'ont pas encore compris la différence entre courage et témérité, plutôt que de se barrer sous de meilleurs cieux, elle s'est accroché quitte à crever à son poste, sans rien dire en tendant le dos. Le genre de maitresse femme décidée à régler tout toute seule seule tout le temps, sans se plaindre, quitte à endurer un stress intense qui la met périodiquement au bord de l'épuisement et de la décompensation dépressive.

Enfin, elle parle, elle se confie : fin de mois difficile, risque d'interdiction bancaire, pas d'avenir professionnel, stress intense, idées de damnation, etc. Et ça sort et puis voilà. Ensuite, je prends une feuille et on note la situation actuelle et on construit un arbre de décision comportant trois branches matérialisant les trois options qui lui sont offertes. J'aurais pu en rajouter une consistant à se suicider mais ce n'est pas trop mon truc vu que je suis payé pour éviter cela.

Quelques jours passent et je l'appelle pour lui demander : "Et vos douleurs dans les hanches ?" Elle n'a plus rien. Bien sur pour ne pas s'avouer vaincue parce que cela lui arracherait un peu la gueule que j'aie eu raison, elle se contente de me dire qu'elle considérablement moins mal et qu'elle ne prend plus de myorelaxants et qu'elle passe enfin des nuits complètes sans se réveiller sous l'effet de la douleur.

Moi modeste, je ne dis rien parce que mon métier n'est pas de faire un concours avec mes patients pour définir qui sera le plus malin de deux. Mais bon, Mlle X si un jour vous me lisez et que vous vous reconnaissiez dans cet article, alors sincèrement, vous me direz ? Qui était le meilleur ,  votre médecin abruti, ce roi des cons, ou moi ? 

Moi bien sur, mais je le savais depuis des mois.

Hybristophilie : Nathalie et Alain


Dernièrement, j'ai parlé à une jeune trentenaire militante UMP, que j'appellerai Nathalie, et j'ai eu froid dans le dos. Mon libéralisme pèche par des carences en termes de connaissances économiques mais repose tout de même sur un solide socle philosophique. Et puis l'économie, je laisse cela aux comptables et aux ingénieurs, moi je ne me passionne que pour les grandes idées. Avouez qu'un mec qui cite Shakespeare dans son blog ne va pas se prendre la tête avec des notions aussi triviales que le PIB ou l'inflation.

Mais au-delà de tout cela, le libéralisme tendance libertarienne est aussi un aimable vadémécum permettant aux gentil branleur que je suis de vivre sans soucis et d'envoyer se faire foutre tout ce que la terre compte de fâcheux, qu'ils portent des uniformes ou non et ce, quelles que soient leur fonction.
Mais ma vie, on s'en fout. Alors cette jeune femme me vantait les mérites de l'UMP peut-être désireuse de me fourguer une carte avec une cotisation de soutien, quand d'un coup d'un seul, alors que nous devisions sereinement, la voici qui m'explique que "les gens ont besoin d'être encadrés et guidés". J'ai failli tomber de ma chaise !

Bien sûr j'ai demandé si dans les gens, elle comptait aussi Nicolas Sarkozy et là, elle n'a pas trouvé cela drôle. Elle ne me croyait pas quand je lui ai dit que globalement les gens, comme elle dit, se débrouillaient plutôt bien par eux-mêmes et qu'il n'y avait pas besoin de tant de lois ni d'élus. Je me suis donc fait traiter de doux rêveur presque de gauchiste ! D'ailleurs dans les faits, c'est vrai que même si je ne partage pas leurs idées, les gauchistes sont plus rigolos que les militants UMP, en tout cas je m'entends mieux avec.

Ensuite, elle m'a avoué adorer Jacques Chirac mais encore plus Alain Juppé en qui elle verrait bien le futur président français. Elle n'a pas tari d'éloges sur ce dernier, me vantant ses compétences comme ministre des affaires étrangères (comme si l'on pouvait être pire que MAM) et comme maire de Bordeaux (comme si ce crétin s'était occupé en personne de sa mairie).

Je lui ai dit qu'en tant que citoyen j'avais du mal à comprendre son attachement à Alain Juppé mais qu'en tant que psy je savais que l'hybristophilie n'était pas si rare et que nous pouvions en parler si elle le désirait. Ménageant mes effets, je lui ai offert mon meilleur regard de psy, un regard un peu fixe et distant, celui que ferait un entomologiste perdu en Amazonie en découvrant un nouvel insecte.

Bien sur elle m'a demandé ce que c'était. Je lui ai sim plement répondu que l' hybristophilie (du grec hybrizein, «commettre un outrage contre quelqu'un» et de phile, «qui aime»), est une paraphilie dans laquelle un individu est sexuellement attiré par d'autres ayant commis un crime (vol, viol, meurtre). Dans la culture populaire, ce phénomène est connu sous le nom de "Syndrôme Bonnie et Clyde".

Elle m'a regardé avec de grands yeux ronds mais quand je lui ai dit que quand on était condamné à quatorze mois de prison avec sursis et à un an d'inéligibilité le 1er décembre 2004, on était ce que l'on nomme communément un délinquant au même titre que le jeune dealant du shit dans la cité. Elle m'a alors rétorqué que ce n'était pas la même chose. Et j'ai acquiescé en lui disant que je comprenais qu'elle, son truc ce n'était pas la racaille ou le braqueur de banques, mais le délinquant en col blanc, l'escroc, le mafieux qui ne se salit pas les mains, le consigliere tel que l'incarne Ribert Duvall dans son rôle de Tom Hagen dans le film Le parrain.

Chacun son truc après tout ! Mais avouez que ça a un côté exci tant ces grandes bourgeoises sapées comme des déesses et surdiplômées prêtes à se rouler sur un matelas avec le premier grand voyou venu !




Le courage !


Alors là, je vous préviens c'est du lourd de chez lourd, puisqu'on va s'attaquer à la taille de la bite des mecs. Comment cela ? Vous me trouvez vulgaire? Mais pas du tout ! Les mecs sont passionnés par la taille de leur sexe, qu'il s'agisse de leur sexe réel ou de celui fantasmé qui transparait dans une notion complexe à décrire que l'on nomme la virilité.

Alors qu'est ce qu'être viril ? Au premier abord, il semblait que dans l'imaginaire collectif masculin, l'homme viril soit un homme présentant des caractéristiques physiques primaires et secondaires liées à son sexe très importantes (gros sexe, barbe drue, larges épaules, mâchoire carrée et petite voiture car chacun sait qu'avoir une grosse voiture, etc. ). On parlera alors de puissance et de robustesse.

Mais il y a aussi des qualités morales associées à l'homme et ce sont le courage, la force et l'énergie et c'est là que la bât blesse. Il ne se passe ainsi pas un mois sans qu'un de mes chers jeunes patients ne m'explique qu'il ne se sent pas viril. 

Le plus rigolo c'est que cette réflexion vient rarement de la part d'avortons mais plutôt de la part de mecs tout à fait robustes physiquement. La virilité quoique l'on en pense ne se mesure pas à la taille ni à la carrure, il y a des petits teigneux et des gros mous.

C'est ainsi que dernièrement un de mes chers patients dans le genre plus d'un mètre quatre vingt et un bon quintal de bidoche m'a avoué qu'il ne se sentait pas viril. Et en discutant avec lui, il m'a avoué manquer de courage. Et voilà, le mot était lâché : je ne suis pas courageux. Peu importe qu'il ait réussi de brillantes études après une prépa, qu'ils soit capable de lire un livre par jour, qu'il ait fait des efforts dans sa vie pour surmonter des angoisses, tout cela il s'en fout, il ne se trouve pas courageux. Ce qui signifie qu'entre ce qu'il pense de lui et ce qu'il imagine être un homme courageux, qui serait du genre Rambo ou l'autre taffiole* dans Gladiateur, il voit forcément un gap insurmontable et impossible à combler. Ainsi mon brave patient, m'expliquait que par exemple il ne serait pas sur d'être capable de défendre sa gonzesse si quelqu'un lui manquait de respect !

Le courage rappelons-le est ce trait de caractère qui permet de surmonter sa peur. Mais le courage est il forcément physique ? Un homme doit il songer au courage que sous sa forme la plus animale en prenant pour modèles tous les bœufs que nous montrent la télévision. Le courage absolu serait il donc forcément correspondre à Chuck Norris ?

En vérité, je vous le dis, il y a plusieurs formes de courage et on peut s'illustrer dans l'une mais pas dans l'autre. Globalement, il y aurait le courage physique, celui auquel on pense immédiatement mais aussi le courage moral celui que l'on oublie bien trop.

Parlant de courage moral on peut penser à ce qu'écrivait Victor Frankl après avoir réchappé au camp de Theresensienstadt. Il s'étonnait que des monstres de muscles aient pu crever comme des mouches tandis que lui, avorton tout juste diplômé de médecine, ait pu survivre. Il a d'ailleurs fondé sa pratique nommée Logothérapie sur ce constat. Sans doute que dans ces conditions effroyables, le courage physique ne servait à rien car se battre à mains nues contre des Schmeisser était inutile. Peut-être que ce qui a permis à Frankl de survivre, et c'est ainsi qu'il l'explique via la logothérapie, c'est cette forme de courage moral auquel on ne pense jamais et qui aura consisté à penser face à ses geôliers : "bande d'enculés vous ne m'aurez jamais quelques soient vos mauvais traitements !".

Le courage n'est donc pas que le courage physique qui consisterait à mettre une droite dans la gueule d'un type qui vous met une claque, mais aussi le courage physique consistant à dire au type qui vient de vous mettre une claque qu'il est plus fort que vous mais que quand bien même, il pourra vous battre jusqu'à vous tuer que vous ne vous rendrez pas. Cette forme de non violence illustrée par le Christ ou Ghandi peut devenir d'une extrême violence. J'ai vu un ami, Jeff, agir de la sorte et cela a marché.

Mais dans tous les cas, ce qui unit ces deux formes de courage, c'est de cesser de penser à sa petite personne. Qu'il s'agisse de courage physique dans lequel on va frapper et risquer de blesser grièvement l'autre personne et d'assumer ainsi des suites judiciaires, ou du courage moral par lequel on décide que quelques soient les coups, on ne ploiera pas, il faut savoir se dépasser et abandonner la conscience de soi-même et de sa petite personne pour tenter d'intégrer de plus hautes valeurs. N'oublions jamais que la conscience fait de nous des lâches !

Comme disait si bien Shakespeare dans Hamlet (acte 3 scène 1) :

"Ainsi la conscience fait de nous tous des lâches ;
ainsi les couleurs natives de la résolution blêmissent
sous les pâles reflets de la pensée ;
ainsi les entreprises les plus énergiques et les plus importantes
se détournent de leur cours, à cette idée,
et perdent le nom d’action..."

* désolé pour le terme de "taffiole" mais j'avais oublié le nom de Russel Crow. De toute manière, lui je le déteste !

Bonjour tristesse !


Putain d'époque tout de même où les gens ne tournent plus rond. Bon, c'est vrai que je vis du makheur d'autrui mais parfois il y a des limites à ce que l'on peut me demander.

Voici quelques semaines, une jeune femme prend rendez-vous et m'explique que son copain avec qui lle vivait depuis quatre ans, l'a plaquée. Ben oui, c'est triste mais cela arrive. L'histoire c'est qu'elle l'aimait terriblement et lui, peut-être moins, qu'elle a accepté bien trop de choses et qu'à la fin, le mec s'est barré avec une autre. 

Comme je l'explique souvent à mes patientes, réussir une histoire d'amour avec un homme c'est une question de longueur de laisse. Si vous la tenez trop serrée, vous vous ferez mordre un jour parce qu'un mec a besoin d'un peu de liberté. En revanche, si vous la tenez trop lâche votre laisse, le mec pense qu'il peut faire ce qu'il veut, finit par croire que vous ne l'aimez plus, ne vous respecte plus et se met à cavaler et vous le perdrez. Donc, mon conseil sera : soyez un peu chieuse juste ce qu'il faut. Donnez vous de la valeur en ayant des exigences. Rien de pire que la pauvre fille qui tolère tout de son mec. A la fin, elle passe pour la pauvre dépressive en solde et finira plaquée.

Pour comprendre tout cela, ça aura été très vite parce que ma patiente est une jeune femme très intelligente capable de comprendre vite ses erreurs. Je pense que son prochain mec va prendre pour celui qui l'a plaquée d'ailleurs. Lui, il n'ira pas gambader librement, il aura un beau collier étrangleur. Comme diraient les djeuns, il va manger cher !

La belle s'était apaisée mais tout n'allait pas encore bien. Ce qui me semble normal vu que même si je peux hâter un deuil en évitant qu'il ne s'enkyste en dépression, je ne peux pas non plus annuler le réel et faire en sorte que le mauvais devienne du bon.

Mais cela n'allait pas à ma patiente qui un soir, lors d'une séance, m'expliqua que cela allait beaucoup mieux mais qu'elle était triste et qu'elle ne pouvait pas se le permettre parce qu'elle venait de prendre un nouveau poste à responsabilités. Je lui ai bien sur demandé si elle était tout de même moins triste qu'en venant me voir. Elle a acquiescé et admis que nos échanges lui avaient fait du bien mais qu'elle se sentait tout de même un peu triste.

En bref, la demande qui m'était faite, c'était de faire en sorte qu'un truc naturellement triste comme se faire plaquer par l'être aimé devienne un machin bénin passant comme une lettre à la poste. Alors comme à une petite fille, ou pire comme le Doc' de Lovin'fun, j'ai du lui expliquer qu'être triste, ce n'était pas sale, que ce n'était pas mal, que ce n'était pas l'aveu d'une faiblesse, d'une vulnérabilité terrible ou pire un handicap.

Que la tristesse était une émotion naturelle sélectionnée par l'espèce et se manifestant fort justement au cours d'épisodes tristes de la vie. Que lors d'un événement heureux, on connait la joie et qu'au cours d'un événement triste, on connait la tristesse dont la dépression pourrait être une sorte de forme ultime et pathogène. Ce qui n'était pas son cas, puisque techniquement elle n'était pas dépressive ni même déprimée mais simplement triste à certains moments de la journée lorsqu'elle repensait à son ex. 

Qu'être triste c'était un risque à courir dès que l'on tombait amoureux ou alors qu'il fallait juste avoir des plans cul qui, n'engageant pas affectivement, ne pouvaient pas rendre triste. Patiemment, je lui ai expliqué tout cela. En rajutant que ce qu'elle vivait était donc normal que l'on appelait cela "des hauts et des bas considérés comme normaux" dans les tests destinés à évaluer le degré de gravité d'une dépression. Et pour conclure je lui ai dit que si son travail était la seule chose importante dans la vie, qu'elle aurait intérêt à vivre seule et sans gosses ni même un animal domestique ou peut-être un poisson rouge, parce que tout attachement que l'on crée étant susceptible de se ternir ou de cesser, c'était prendre un bien grand risque que d'aimer.

Et pour conclure, je lui ai dit qu'à part lui faire prendre conscience de cela, je ne pourrais pas grand chose pour elle. Qu'il ne lui restait qu'à s'adresser à un médecin véreux qui pourrait la blinder de neuroleptiques très efficaces à moins qu'elle ne préfère la voie illégale en prenant de la cocaïne cette drogue merveilleuse capable de gommer tous les états d'âme.

Elle m'a souri, et m'a dit "vous trouvez ma demande un peu idiote ?". J'ai répondu que je n'aurais pas formulé cela de cette manière mais que c'était un peu l'idée. On s'est redonné rendez-vous dans quinze jours. 

Moralité : la tristesse fait partie de la condition humaine et n'est pas une pathologie. Putain, il y a des jours où j'énonce de ces vérités moi !!! Mais je suis ravi de gagner ma vie avec des choses parfois aussi simples, ce n'est pas très fatigant émotionnellement.

C'est fou !

Mon filleul me tanne pour que j'écrive plus !
"Cuic cuic allez fais nous un bel article !"

Effectivement, je n'avais pas fait attention mais il s'est passé près d'un mois sans que je ne vienne écrire. Je m'en veux terriblement. Quand mon filleul Lapinou me disait que H16 écrivait tous les jours, je lui rétorquais qu'il était plus facile de tenir un blog traitant de politique et d'économie qu'un blog comme le mien.

C'est vrai après tout, il suffit de lire ne serait-ce que Métro, le Parisien ou de regarder les informations télévisées pour saisir les perles de nos politiciens adorés et ensuite se foutre de leurs gueules à longueur de blogs. Et comme je le disais à Lapinou : "du H16 je t'en fais comme je veux et même deux fois plus que lui !". Avant de rajouter que mon lectorat étant d'une finesse extrême et d'une telle intelligence que je me devais de faire des articles de qualité et non de petits billets d'humeur.

Vous me trouvez injuste ? Vous avez raison, c'est de la mauvaise foi totale mais, parfois faute d'arguments plus solides, la mauvaise foi peut beaucoup aider. Surtout que Lapinou m'emmerde ! Il n'a qu'en écrire un lui de blog bien à lui et on verra s'il tiendra la distance.

Ah la la, je l'imagine bien le futur expert comptable face à la page blanche ! Qu'aurait-il à nous raconter ? Il nous parlerait du plan comptable ou des normes ISRS ou alors des commentaires sur le dernier bulletin de l'IFAC ? Bref des trucs dont tout le monde se branle totalement à moins de porter des Méphistos et une sacoche en bandoulière. A moins qu'il nous entretienne de ses dernière bitures avec ses copains étudiants de sup de co en collant des photos d'eux en train de gerber comme les ados sur Skyrock.

Bref Lapinou n'a ni la tête ni les épaules pour tenir un blog de qualité alors qu'il se taise et laisse les grands, les adultes, en un mot les capables, gérer leurs écrits comme ils veulent.

Mais bon, près d'un mois c'est vraiment trop long. Alors hop là, puisque j'ai du temps devant moi, je vais vous torcher en direct quelques beaux articles bien ficelés bien de chez moi !

Si j'étais superstitieux !


Voici bien des jours que je n'ai plus écrit ici. J'aurais eu plein de choses à raconter mais je n'ai pas eu le temps. Vous me direz que le temps on le trouve toujours. Certes mais bon, je ne l'ai pas trouvé et puis voilà. Ce qui ne veut pas dire que j'avais démissionné, abandonné le blog, ou que j'étais mort et enterré. Pas du tout, je suis bel et bien là, toujours en vie, d'ailleurs des lecteurs fidèles de ce blog que je reçois à mon cabinet pourraient vous le confirmer !

J'ai failli réécrire le soir de la journée de la femme et je me suis abstenu dans la mesure où je savais que je n'aurais pu m'empêcher d'écrire une connerie sur les femmes. J'ai déjà suffisamment l'étiquette de macho aux yeux de certaines pour éviter d'aggraver mon cas. Je laisse ce genre d'actions à des blogs plus adaptés que le mien à ces prises de position.

D'ailleurs les femmes représentant les deux tiers de ma clientèle, je serai malvenu de m'en plaindre puisqu'elles me font vivre. J'aime les femmes, je les adore, je peux même dire que je suis spécialisé en femmes, et qu'elles trouveront toujours chez moi une oreille compatissante pour les écouter et les aider. Je soutiens d'ailleurs toutes leurs revendications. Voilà, le petit boutiquier a parlé.

En revanche, hier soir je me disais qu'aujourd'hui j'allais réécrire et paf,  ce matin j'apprends qu'un tremblement de terre sans précédent suivi d'un tsunami a ravagé le Japon. C'est tout de même fou à admettre mais mon retour a peut-être provoqué un séisme.

Si j'étais superstitieux, c'est ce que je penserai. Je ne le suis pas. Mais bon, vous avouerez que c'est une coïncidence troublante : la terre tremble le jour où moi, signe de terre parmi les signes de terre, capricorne devant l'Éternel je reviens écrire. Mais bon, je ne suis pas superstitieux.

N'empêche que ... Si dans quelques mois on me révère comme étant le fil du soleil au pays du Soleil levant, vous saurez pourquoi.